Sur
les 48 films que diffusera hors compétition la 24ème édition du FESPACO, figure le dernier documentaire
du réalisateur belge Thierry Michel consacré à Moïse Katumbi, sous le titre « L’irrésistible
ascension de Moïse Katumbi ». Ce film est au programme dans la section
« L’Afrique vue par », la lucarne de la biennale dédiée aux films de
long métrage, de court-métrage, documentaires et de fictions des cinéastes du
monde entier, et dans laquelle, ceux-ci expriment leurs vues, leurs regards sur
l’Afrique. Sans doute, que par delà le personnage central, l’on ne manquera pas
de parler du Katanga, la province dont il
est le gouverneur.
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Affiche du film de T. Miche. Source: moise-lefilm.com |
Le film
Le
film est en couleur et dure 58 minutes,
un moyen métrage. Il est sous-titré « Moïse Katumbi, foot, business et
politique », il présente Moïse Katumbi comme « un personnage
complexe, un grand équilibriste », dresse de lui « le portrait d’un homme dynamique quand il s’agit de redresser sa
province, mais également celui d’un populiste qui multiplie abus de pouvoir et
conflits d’intérêt… »,[1]
et le décrit aussi comme « allié
et rival » du président Kabila « au
point que beaucoup voient en lui un futur président de la RDC ».[2]
Un documentaire à
charge
Moïse
Katumbi récuse des pants de la substance du film qu’il qualifie de « documentaire à charge »[3].
Dans une interview accordée à Jeune Afrique le gouverneur, Moïse Katumbi,
s’avouant respectueux du réalisateur, reproche au film une série « de contrevérités ou de raccourcis (…)
il est basé sur des images d’archive, déjà vues dans Katanga Business(…) On y
présente des images de 2005-2007,
avant que je devienne gouverneur, comme si
cela venait de se produire. C’est étonnant ». Moïse Katumbi craint
aussi que le réalisateur n’« ait été
manipulé et qu’il n’ait pas vérifié ses informations », ce dont
Thierry Michel se défend. Il a, à travers une lettre ouverte, publiée dans
Jeune Afrique, défendu la teneur de son film,² niant notamment l’hypothèse de
la manipulation : « Je pense
avoir suffisamment d’expérience, après quarante année de métier, pour ne pas
être instrumentalisé à mon insu. J’ai simplement réalisé à la fois un travail
journalistique et une œuvre cinématographique (…) J’ai également eu
recours à certaines images de Katanga Business comme archive(…) Le film est
chronologique et historique et remonte le temps de vos réalisations du début de
votre mandat à aujourd’hui »[4].
Le réalisateur
Thierry
Michel est auteur d’une dense filmographie, dont une bonne part concerne la RDC.
Il a notamment réalisé Congo River,
au-delà des ténèbres, Mobutu, roi du
Zaïre, Nostalgies pot-coloniales,
Zaïre, le cycle du serpent, Katanga Businesse. Sa caméra et sa plume
ont, à la manière du réalisateur, écrit l’histoire du Congo. Témoin privilégié
de grands tournants de l’histoire contemporaine de la RDC, il est de ceux qui
ont forgé des imaginaires.
Vous pouvez regarder le film de Thierry Michel en suivant ce lien: L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi
L’œuvre
de Thierry Michel force l’estime cependant certains critiques lui reprochent un
« manque d’analyse ». Collette Breakman formulait cette critique à
propos de L’irrésistible ascension de
Moïse Katumbi : « alors que « Katanga Business »
avait suscité l’enthousiasme, ce film ci fut une déception : image déjà
vues, critiques assez unilatérales et superficielles, le tout donnant une
impression d’assemblage « vite fait bien fait » comme pour répondre à
Dieu sait quel critère de production à tout prix(…) il eut fallu (…)mener sur
le terrain une enquête minutieuse, ce que Thierry Michel, pour des raisons
étrangères à sa volonté, n’a plus le loisir de faire et il faut le
déplorer »[5].
Le film, enchérit-elle « ne
mérite ni (...) excès d’honneur ni (…) indignité, car il est tout simplement médiocre et ses détracteurs
tirent au canon sur un agaçant moustique ». Il est parfois reproché au réalisateur, surtout en
Afrique, de grossir, de réduire les traits de la réalité ou
purement et simplement de les obliquer, des appréciations qui lui ont jeté le
blâme. « L’Afrique n’a ni la tradition ni les infrastructures fondant
le cinéma et bien du mal à se dégager de la colonisation de la distribution au
cinéma comme à la télévision »[6]
répondait le cinéaste à la préoccupation si l’on ne devait pas se faire
quelque regret qu’un film comme Mobutu, roi
du Zaïre n’ait pas été fait par un africain.
Le Katanga se fera
évoquer
Au-delà
de son « héros », à l’endroit ou à l’envers des vues, des lectures,
le film mettra sous les feux de la rampe le Katanga, le cru de Moïse Katumbi.
Impossible
de parler, en bonne ou en mauvaise part, de l’ascension de Moïse Katumbi sans
que son Katanga n’oblige d’être évoqué. A cette terre, se trouve
incontestablement liée une part du prestige de l’homme. Katumbi n’aurait jamais
résonné aussi lourd sans que son nom n’eût rimé avec Katanga, Katanga comme
d’une aire d’une autre ère, d’un lieu fatal, d’un bond dans la direction
idoine. Que l’on s’accorde d’entendre Irrésistible ascension comme expression
de montée en envergure et constat et description de plus belles réussites ou comme autre chose de contraire à ceci, toute
hypothèse fera évoquer le Katanga.
Notes :
[1] RDC-Moïse Katumbi : « Je nourris
aucune ambition politique » par Jeune Afrique. En ligne sur
www.jeuneafrique.com.
[2] RDC : un film de Thierry Michel sur le
gouverneur du Katanga fait polémique. En ligne www.nouvelobs.com
[3] Moïse Katumbi : « Que faisons-nous
de la RDC ? ». Par Marwane Ben Yahmed. En ligne sur
www.Jeuneafrique.com
[4] RDC – Thierry Michel : « Je
n’ai été manipulé par personne ». En ligne sur www.jeuneafrique.com
[5] Katumbi/Thierry Michel : ni excès
d’honneur, ni indignité. Le carnet de Collette Breakman. En ligne sur
http://blog.lesoir.be
[6] Africultures –Entretien d’Olivier
Barlet avec Thierry Michel. En ligne sur www.africultures.com
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