Qu’elle eut pu s’exprimer, notre musique
confierait à son sujet avoir perdu une des ses valeurs sûres. Solfège était de
ces belles voix incontournables et emblématiques de la musique du Katanga. Son
histoire était belle et bien engagée pour se conclure aussi brusquement et
tragiquement. Je ne m’imaginais pas en venir aujourd’hui à l’abréger à ces
seuls grands traits, je l’espérais plus longue encore !
Nana Solfège |
Née le 1er janvier 1984, Nana
KanzaYumba dite Solfège
est la sixième d’une fratrie de onze enfants. Elle fait ses études primaires et
secondaires à l’institut Njanja et
obtient un diplôme d’Etat en Math-Physique. Subséquemment, Nana entreprendra,
sans aller au bout, des études supérieures à l’institut supérieur
d’informatique Salama de Lubumbashi. Sa passion pour la musique remonte à depuis
son très jeune âge. Très tôt, sa belle voix lui vaut le mérite de chanter dans
la chorale de sa paroisse. Elle est de la veine de celles et ceux qui ont reçu
le don de la chanson. Son habileté vocale, elle en prend conscience et s’en
éprend de bonne heure. Elle s’y applique et parfait son potentiel à la faveur
de rencontres et d’expériences diverses. L’élan lui fait pousser la porte de la
Fédération des musiques chorales du Katanga. La musique a toujours été une
constante de sa vie, une flamme pour laquelle elle s’est obstinément battu et
qui n’a ni baissé dans l'estime ni pris une seule ride dans son appréciation.
« Elle aimait bien s’habiller mais la musique c’était son truc. Elle est
née et a grandi avec », me confiait un membre de sa famille.
La
révélation
Elle enchaîne des progrès et lorgne
désormais des tribunes. Elle participe
en tant que choriste en 2008 à la sixième édition du festival de musique Nzenze
Ngoma ya kwetu, délocalisé pour cette édition-là dans la ville de Kolwezi. Le
festival est la vitrine de la production musicale du Katanga et la tribune de
toutes les ambitions. C’est là que son alors enviable potentiel lui fait
s’attirer l’attention de RJ Kanierra. L’admirateur est alors un artiste
musicien de renom dans la musique locale. Dans l’histoire du festival auquel
Nana Kanza prend part, RJ Kanierra est un sac à trophées, il glane des trophées
à chaque édition. Le musicien est aussi sous les auspices de Dhédhe Mupasa,
grand mécène de la musique locale et patron du festival. Nana Kanza accepte l’approche
et intègre « Les casse-tête », le groupe de RJ Kanierra. C’est sur
le single « Aina lawa »
de RJ Kanierra qui sort la même année, que le grand public découvre Nana Kanza
sous le surnom d’artiste "Solfège". Son sens du refrain et sa belle
voix forcent l’admiration du public. Elle monte en renom au fil des
publications et des sorties du groupe.
Très vite, sa voix devient une référence dans le populaire répertoire de
RJ Kanierra. Son nom s’évoque avec celui de Kanierra dont les échos de la
popularité et la fougue se sont internationalisés. La belle voix de Solfège est
présente sur l’ensemble de l’œuvre récente de RJ Kanierra, notamment
« 99 », « Salem », « Bikelekele » ou
« 622 ».
La
dernière marche
Solfège s’était affranchie de la tutelle
de RJ Kanierra mais la rupture est restée discrète. La séparation serait
restée, pour quelque temps encore, non actée dans la conscience du grand public
n’eut été la mort de la chanteuse. Discrète, Solfège travaillait à finaliser Sololo, le single qui devait lancer sa
carrière solo. Inachevée, l’œuvre sera à jamais orpheline. Elle s’éteint le 16
septembre dans un accident de circulation sur la route Kasumbalesa-Lubumbashi.
Sur le titre Amour parfait de son
premier single, l’unique qui soit disponible en vidéo, on découvre une Solfège comme jamais on ne
l’avait vue ! Les prémices la révèlent encore plus talentueuse
qu’insoupçonnée comme pour décupler la douleur et la dureté de sa perte.
L’histoire était belle et bien engagée pour se conclure aussi brusque et
tragique. Je ne m’imaginais pas en venir aujourd’hui à l’abréger à ces seuls
grands traits, je l’espérais plus longue encore !
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