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lundi 6 novembre 2017

La critique d’art. Le regard de Dagara.

Historien de l’art, critique et commissaire d’exposition indépendant. En tant que critique d’art, il correspondant à Paris pour la revue Contemporary And. Il collabore à la mise en place de différents projets, telles les Rencontres de Bamako en 2005. En 2012, il a été chercheur au Centre Pompidou pour le programme « Recherche et mondialisation ». En 2016, il animé un Workshop en médiation culturelle dans le cadre de la Biennale de Dakar.

De gauche  à droite, Fils Ngeleka et Dagara Dakin 

Katanga Cultura blog : Quel est le travail du critique d’art ?
Dagara Dakin : Le travail de critique d’art est d’informer le public sur la qualité ou l’absence de qualité d’une œuvre, d’une exposition, d’un événement artistique auquel il aura assisté. Sa fonction est de rendre compte, à un moment donné, de l’état de la production artistique.
Katanga Cultura blog : La critique est-elle nécessaire au progrès de l’art ?
Dagara Dakin : Oui. La critique est nécessaire au progrès de l’art dans ce sens que c’est parce qu’il y aura des critiques qu’il y  aura des discussions, des échanges et qu’on va pouvoir faire avancer, évoluer le regard sur la production artistique.

Katanga Cultura blog : Quelles sont les opportunités et les pièges du métier de critique d’art ?
Dagara Dakin : Sur la question des opportunités de critique, j’avouerai que c’est très compliqué. La plupart des critiques ne font pas que ça. Ils font d’autres métiers à côté qui leur permettent de vivre. Avant une passion est vraiment une passion, une activité qu’on a en plus. Il faut déjà s’estimer heureux de pouvoir publier et d’être lu dans différents magazines.
La critique est assez pluridisciplinaire. Tout dépend du critique à la base. S’il est un historie de l’art, cela lui permet d’avoir un champ de prospection assez large ; il peut aller de la sculpture à la peinture en passant par d’autres domaines. D’ailleurs l’une des qualités du critique est d’avoir un bagage suffisant ; d’avoir une bonne culture générale qui lui permet justement d’avoir une analyse critique par rapport aux propositions qu’il peut rencontrer.
Katanga Cultura blog : Le travail du critique d’art est diversement appréhendé par les artistes ; le sens du mot critique est d’ailleurs polémique et connoté. Est-ce le même problème en France où la pratique d’art  atteint un seuil référentiel ?
Dagara Dakin : Oui, totalement. Parce que le critique est une instance de validation à un      moment donné. Si un critique rend une critique qui n’est pas favorable à la proposition d’un artiste, forcément on peut se retrouver confronté à des susceptibilités. Déjà sur le continent africain, on sait qu’il y a un manque crucial de critique d’art et par conséquent, plus il y aura des gens qui s’essaieront à la critique et mieux ce sera. Parce que cela participera du progrès de l’art. C’est difficile d’utiliser le terme de progrès, d’évolution et même d’amélioration de la qualité de la production artistique, pourtant sous-jacent à l’idée de critique. D’ailleurs c’est ce qu’on entend, la cohérence du propos de l’artiste en résonance avec le contexte et l’époque dans lequel il vit. Oui il y a un manque crucial de critique aussi bien, à Lubumbashi, en RDC et sur le reste du continent.
Je pense que c’est quelque chose qu’on va voir sur le long terme. Sortir de là est une étape dans le sens ou on va voir si après l’assiduité que les uns et les autres ont montré pendant ce workshop, sera vue sur le long terme. C’est en pratiquant qu’on se rend compte de la réalité des choses et qu’on peut être amené à changer son point de vue.
Katanga Cultura blog : L’une des difficultés du métier de critique est l’appréhension que les artistes ont  de la critique ; puisque la critique est nécessaire et qu’elle doit être prise en compte, quels efforts, aussi bien de la part des artistes que des critiques, suppose sa prise en compte ?
Dagara Dakin : Il faut déjà que les artistes se disent que le travail du critique n’est pas d’être là pour les empêcher de créer mais au contraire de les amener à améliorer leur pratique artistique. Le critique peu faire une critique dans le cadre d’un échange avec un artiste. Il faut qu’il y ait des échanges sur le long terme qui peuvent être bénéfique pour les deux parties. Le critique a aussi son autocritique à faire par moment pour voir s’il n’a pas été trop dur parfois, s’il n’a pas vu des choses qu’il aurait vues s’il s’en était donné la peine,.. Enfin ! Le critique est un homme comme tous les hommes et donc il peut commettre des erreurs. On est dans un rapport d’échange, de dialogue plutôt que dans un rapport de fermeture, purement et simplement.
Katanga Cultura blog : Vous qui êtes un critique patenté, que préconiseriez-vous aux jeunes critiques désireux de persister et de progresser dans le métier ?
Dagara Dakin : Pratiquez ! Pratiquez ! Pratiquez ! Ecrire ! Se documenter !voir des expositions, prendre des notes. Ecrire  même si on n’est pas nécessairement publié. S’exercer et ne pas lâcher l’affaire. Si un jeune critique veut persister dans le métier, si vraiment c’est ce qu’il veut faire, il faut qu’il trouve les moyens de dépasser la question économique pour pouvoir, à côté de cela pratiquer sa passion et petit à petit, peut être qu’il arrivera à exister grâce à cette activité.

Propos recueillis par Fils Ngeleka

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