Sur Katanga Cultura!

jeudi 6 mars 2025

 Delcat Idinco : un ami, un combat, une mémoire


Un ami s'en est allé, fauché dans l'élan de son engagement. Une belle voix dissidente d'un résistant s'est tue, un esprit libre nous a quittés, Delcat Idinco.



Lui,  le fils de Béni, survivant des massacres qui ont décimé sa famille. Il pleurait ses blessures, criait sa douleur, chantait et portait la flamme de la résistance. Blessures du Congo, blessures d'un peuple rongé par l'instabilité, l'injustice et les abus de pouvoir.

Sa voix et son timbre était  celle d'un patriote et d'une victime, d'un meurtri. Son répertoire était la chronique d'une expérience et d'une douleur personnelle. "Moi, le fils de Béni, qui ploie sous l'inquiétude et qui est habitué à la souffrance", chantait-il. Il pleurait à sa manière, avec ses mérites et ses écarts.  Son activisme, parfois incompris dans sa logique particulière, fut écorché sur la potence des jugements de valeur et des préjugés. Après tout, qui peut-il lucidement mesurer le poids du fardeau de la douleur qu'il n'a jamais porté ?

Sa voix critique était un couperet contre toutes les injustices. À l'écho de son tranchant, tout y passait sans concession ni teinte politicienne : pouvoir, opposition, société civile. La tranche de sa critique n'épargnait que dans les frontières de sa logique personnelle. Sa logique, avec ses propres détours et sa géométrie singulière, témoignait de sa vision de la réalité. Une logique sienne, dans la résonance de laquelle son amour pour le Congo ne faisait aucun doute. 

Une lutte authentique

Delcat s'en va comme symbole d'une jeunesse engagée dans une lutte authentique pour la justice,  sans compromission. C'est un appel à la jeunesse, un signal fort qu'il est possible de tracer sa propre voie, d'affirmer avec fierté et indépendance ses convictions, sans se soumettre à aucun diktat ni compromis moral. Dans un Congo où l'opportunisme et la bassesse d'âme est parfois la norme, où l'engagement des jeunes est piégé sur l'autel de la corruption et le compromis, ce trait de la vie de Delcat est digne d'être salué. Il a honoré sa singularité et son engagement envers la justice, souvent au prix de sa liberté, et finalement au prix de sa vie 

Artiste prolifique, Delcat lègue un répertoire musical riche et varié. Il était un talent brillant et un torrent d'inspiration. En à peine 10 jours après son évasion à l'invasion de Goma, il a diffusé cinq nouvelles chansons, dont Bunduki, son poignant chant du cygne paru la veille de sa mort. 



Silence mais grande présence

Ses chansons sont un évangile, et l'outrage, son art, aimait -t-il à rappeler humblement. L'outrage comme une aspiration de liberté et graines de changement; et Évangile comme vœu de prospérité pour son œuvre. Depuis l'annonce de sa mort, alors que les voix de partout s'élèvent pour saluer sa mémoire et son combat, Ses chansons et son discours résonnent avec une intensité nouvelle. Son silence deviendra désormais une plus grande présence.

 L'histoire retiendra qu'en ce jour du 13 février 2025, le Congo a perdu l'un des plus grands artistes engagés de son époque. Delcat se savait menacé en raison de son engagement et de son opinion. Il meurt en martyr de la justice et fidèle à son engagement. Le feu consumerait-t-il ce que l'eau devrait emporter ? 

 

Paix à ton âme, ami et combattant de la liberté !

lundi 17 septembre 2018

Kinshasa : Le management artistique. A l'aune de l'expérience de Celoa Diakese

Il est un secteur clé de la gestion et de la vie d’une carrière d’artiste musicien. Le management participe notamment de la percée d’une carrière. C’est pour ponctuer cette vertu que, Didier Court, entrepreneur et manger, disait « Manager, c’est faire émerger l’intelligence collective. Les maître mots : co-création, co-production, co-équipiers ! ». Le management musical est la gestion de la carrière d’un artiste. Regard sur ce métier particulier dans le domaine de la musique à l’aune de l’expérience Celpa Diakiese.
Ndlr : Cette interview a été réalisée en mai 2017.
Photo d'illustration - M Joe - Artiste musicien- Crédit photo : Fils Ngeleka
Katanga Cultura blog : Comment es-tu arrivé dans le management musical ?
Je suis née avec. J’aime beaucoup la musique. Je suis née dans une famille où ma mère et mes tantes  chantaient dans une chorale. J’ai grandi dans cette atmosphère de la musique classique. En grandissant, je sentais cette envie de me mettre dans l’art, et spécialement dans la musique. Je suis licenciée en communication des entreprises. J’ai voulu associer mes études à mon domaine de passion qui est la musique. Je ne sais pas dire exactement comment je suis arrivée dans le management musical. C’est comme quand l’on est artiste, on ne se demande pas comment on l’est devenu. On naît artiste.

lundi 7 mai 2018

A Lubumbashi, le titre «Ville créative Unesco» pour du beurre !


« C’est pour du beurre ! », me confiait Elvis dans une interview, au lendemain de l’élévation de la ville de Lubumbashi au rang de ville créative Unesco en 2015. Ils sont nombreux à Lubumbashi, les artistes qui comme Elvis, n’ont jamais cru en l’engagement de leur ville à appliquer une politique culturelle volontariste dans le domaine.
Tunnel SNCC - Ville de Lubumbashi Photos : www.habarirdc.net

Artiste, j’avoue ne pas y avoir cru un temps, moi non plus. L’écologie socio-politique dans mon pays nous laisse souvent dubitatifs. Nos politiques sont trop souvent englués dans des préoccupations politiciennes pour s’encombrer des soucis de culture ! Après tout, l’expérience nous a rendus précautionneux et mesurés dans nos attentes. Nous sommes devenus sceptiques de fait. C’est notre antidote contre les parjures et les déconvenues ambiantes.

dimanche 12 novembre 2017

Goma : Pamela Tulizo. Par-delà des images, un combat !

Dans son objectif, chaque photographie est une arme. Pamela Tulizo est photographe, vidéaste et promotrice et coordonnatrice de M. Mshuja Art (Mwanamke Mushuja Arts), une structure basée à Goma qui encadre les jeunes filles dans les domaines des arts plastiques, la peinture, la photographie et la couture. Regard sur la carrière d’une photographe engagée et hors pair.


Pamela Tulizo Ph : www.congoinharlem.org
Katanga Cultura blog : Comment êtes-vous arrivée dans la photographie ?
Pamela Tulizo : J’ai commencé la photographie après un parcours de journaliste dans un médias de Goma en tant que présentatrice. C’est après une année de parcours journalistique que je découvre ma passion en tant photographe à force de manier la caméra et des expériences de terrain de reportage. Je me suis découvert une passion pour la photographie. Après mes débuts, j’ai senti la nécessité de perfectionner ma