« C’est pour du beurre ! », me
confiait Elvis dans une interview, au lendemain de l’élévation de la ville de
Lubumbashi au rang de ville créative Unesco en 2015. Ils sont nombreux à
Lubumbashi, les artistes qui comme Elvis, n’ont jamais cru en l’engagement de
leur ville à appliquer une politique culturelle volontariste dans le domaine.
![]() |
Tunnel SNCC - Ville de Lubumbashi Photos : www.habarirdc.net |
Artiste,
j’avoue ne pas y avoir cru un temps, moi non plus. L’écologie socio-politique
dans mon pays nous laisse souvent dubitatifs. Nos politiques sont trop souvent
englués dans des préoccupations politiciennes pour s’encombrer des soucis de culture !
Après tout, l’expérience nous a rendus précautionneux et mesurés dans nos
attentes. Nous sommes devenus sceptiques de fait. C’est notre antidote contre
les parjures et les déconvenues ambiantes.
Mais on a
fini par se permettre d’y croire un temps. Car selon les termes de l’Unesco, la
nomination de ville créative n’est pas qu’une simple étiquette ou un statut
privilégié. Elle implique une souscription à un ensemble d’engagements et
d’exigences. C’est notamment de promouvoir la culture comme un levier de
développement durable. Aussi, on espérait que la désignation de la ville de
Lubumbashi favoriserait localement la volonté politique d’entreprendre et de
promouvoir des initiatives culturelles susceptibles de faire de la créativité
un moteur du développement durable et de cohésion sociale.
A Lubumbashi, l’artiste est un self made man
On espérait
aussi que dans le panier des avantages de cette désignation, les rudes chemins de femmes et d’hommes de culture
en soient un peu balisés et aplanis. Ou encore, ressentir un peu de répit et
moins de sollicitude après tant d’années d’abandon. Mais aucun mécanisme d’aide
n’est né. Pas la moindre marque d’initiatives nouvelles de promotion
culturelle. Les challenges et les obstacles d’hier demeurent toujours. Pas
l’ombre de la moindre éclaircie, le ciel culturel, d’ordinaire sombre et
brumeux, gèle toujours !
A
Lubumbashi, l’artiste est un self made man. Il se crée, s’invente, se finance
et évolue tout seul. Il ne profite de presqu’aucune infrastructure culturelle
publique. Par-delà l’étiquette, Lubumbashi ville créative Unesco n’a pas fait
sens. L’écologie culturelle demeure inchangée. Le déclic espéré un temps, n’a
toujours pas sonné et les engagements pris n’ont pas été honorés, malgré
d’innombrables talents locaux.
Première
ville de la province la plus pourvoyeuse de fonds au budget national, il
y a assez d’argent ici pour financer les initiatives et faire émerger le
domaine de la culture comme levier de développement. Mais la politique
culturelle volontariste fait toujours défaut. Lubumbashi ville créative Unesco,
voilà des années qu’on espère et qu’on attend. Voilà deux ans que le ciel
culturel gèle toujours.
Cet article a
d’abord paru sur www.habarirdc.net le
site de la communauté des blogueurs de la RDC.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de laisser ici votre commentaire