Il est
un secteur clé de la gestion et de la vie d’une carrière d’artiste musicien. Le
management participe notamment de la percée d’une carrière. C’est pour ponctuer
cette vertu que, Didier Court, entrepreneur et manger, disait « Manager,
c’est faire émerger l’intelligence collective. Les maître mots :
co-création, co-production, co-équipiers ! ». Le management musical est
la gestion de la carrière d’un artiste. Regard sur ce métier particulier dans
le domaine de la musique à l’aune de l’expérience Celpa Diakiese.
Ndlr : Cette interview a été réalisée en mai 2017.
Ndlr : Cette interview a été réalisée en mai 2017.
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Photo d'illustration - M Joe - Artiste musicien- Crédit photo : Fils Ngeleka |
Katanga Cultura
blog : Comment es-tu arrivé
dans le management musical ?
Je suis née avec.
J’aime beaucoup la musique. Je suis née dans une famille où ma mère et mes
tantes chantaient dans une chorale. J’ai
grandi dans cette atmosphère de la musique classique. En grandissant, je
sentais cette envie de me mettre dans l’art, et spécialement dans la musique.
Je suis licenciée en communication des entreprises. J’ai voulu associer mes
études à mon domaine de passion qui est la musique. Je ne sais pas dire
exactement comment je suis arrivée dans le management musical. C’est comme
quand l’on est artiste, on ne se demande pas comment on l’est devenu. On naît
artiste.
Katanga Cultura
blog : Est-il possible de
vivre de ses prestations de manager musical dans un environnement comme
Kinshasa ?
Ce n’est pas
évident ! Déjà comme je l’ai dit, l’artiste lui-même ne comprend pas qui
est le manager et pourquoi doit-il être là ? Le manager s’improvise de
manière générale. Il n’a pas un grand pourcentage sur les revenus de l’artiste.
Selon le standard, il a entre 10, 15 ou 20% au maximum. Cela fait que tu ne
peux pas en vivre, si tu n’as que cela comme métier. Or, tu ne peux pas gérer
trois ou quatre artistes, parce qu’un manager professionnel est censé rester
disponible pour son artiste. Moi je gère un artiste et cela m’exige de lui
consacrer beaucoup de temps. Je ne saurai pas m’engager auprès de plus d’un
artiste, c’est compliqué. Nous nous consacrons à ce métier d’abord par passion.
Ainsi, tant mieux si je gagne, tant pis si je ne gagne pas ! Mon cas est
un peu spécial vu mon rapport avec mon artiste. Je ne suis pas que manager. Je
coproduis ses œuvres. C’est très compliqué lorsque l’on est simplement manager.
C’est un métier qui nous épanouit psychologiquement mais très peu
financièrement. L’autre contrainte est qu’il existe très peu de marché pour les
artistes.
Katanga Cultura
blog : Au-delà des
difficultés qui résultent du fait que les artistes ne parviennent pas à
appréhender l’importance de s’associer les services d’un manager, qu’est-ce qui
rend ce métier difficile dans un environnement où l’art bouillonne comme
Kinshasa ?
La chaîne musicale
dysfonctionne. Il y a d’abord une faille dans la relation manager-artiste. A
part le fait que l’artiste méconnaît l’utilité du manager, le manager lui-même
s’improvise et finalement ne sait trop comment s’y prendre. L’autre problème
est au niveau du marché. Pour développer la carrière d’un artiste, il faut le vendre. Mais où puisses-tu vendre un artiste par ici ? On a
beau avoir des artistes à Kinshasa ! Ils ont beau être inventifs !
Mais il faut qu’ils tournent ! Il faut qu’ils vendent ! Il n’y a à
peine quelques espaces de production à Kinshasa auxquelles il faut ajouter
quelques scènes privées qui offrent ce qu’elles peuvent. C’est compliqué !
Vous avez des blocages à tous les niveaux. On préfère bouquer un artiste renommée qu’un jeune artiste. Et que reste-t-il
à nous autres qui bataillons aux côtés des artistes en gestation ?
L’industrie musicale boitille, il faudrait la reconstituer pour donner la
chance à d’autres personnes dans le domaine artistique et managérial…
Katanga Cultura
blog : D’où est-ce que
cette dynamique de la reconstruction devrait-elle partir ?
Elle doit commencer
par l’artiste. Je martèle sur l’artiste parce qu’il reste au centre de
l’industrie musicale. Il est également au cœur
d’un contrat de management. L’artiste doit commencer par comprendre pour
ne pas perturber la chaîne. Ensuite, il y a le manager parce que c’est avec lui
que l’artiste a son contact professionnel. Il y a le producteur aussi dans la
chaîne mais je suis contre ce schéma. Le producteur qui finance la production
d’une œuvre en devient le propriétaire, le plus grand bénéficiaire. A part eux,
il y a d’autres métiers qui doivent se construire pour favoriser l’émergence de
l’industrie musicale. C’est le cas notamment du tourneur, qui négocie les dates des concerts ou d’un attaché de
presse. Une contrainte demeure pourtant au-delà des interventions ces acteurs.
Vous pouvez tous comprendre la nécessité de votre complémentarité et vos
engagements respectifs, mais les moyens financiers font défaut. C’est là aussi
qu’il y a le déclic !
Katanga Cultura
blog : Si je comprends bien
ce qu’il n’existe pas à Kinshasa des structures qui appuient financièrement les
artistes musiciens ?
Non. Les artistes
s’autoproduisent, la plupart de temps. Ils évoluent avec des moyens du bord, je
parle des artistes de la nouvelle génération. Mais je pense qu’un bon manager
peut résoudre la difficulté financière ; il suffit d’avoir un projet
convainquant et de trouver de partenaires.
Katanga Cultura
blog : Pour les artistes
qui souhaitent avoir des managers, quel est le profil d’un bon manager ?
Tout dépend de ce que
l’artiste attend d’un manager. Il y des artistes qui désirent des manager qui
sont disponibles tout le temps, qui les accompagnent à leurs séances de
répétitions, qui dialoguent en permanence ; par contre, d’autres artistes
qui veulent des managers juste pour des aspects spécifiques de leur carrières.
Pour moi, un artiste devrait attendre d’un manager qu’il soit une personne
dotée de certaines capacités intellectuelles, sinon je doute fort que ce
manager soit capable de concevoir des stratégies, de dégager des pistes
d’action autour de ces stratégies, et d’assurer leur mise en œuvre. En plus de
l’aspect stratégique, le manager doit être un homme de terrain, quelqu’un
puisse, par exemple, sortir à 23 heures pour participer à un concert ou pour
superviser une activité promotionnelle.
Katanga Cultura
blog : Quelles sont les
lignes rouges dans la relation artiste-manager ?
Tout dépend du
contrat que vous avez conclu au préalable. Ce contrat défini ce que chacun est
censé faire. Il peut être écrit dans le contrat, par exemple, que c’est le
manager qui la préséance des contacts avec les éventuels producteurs, les
médias,…quand un artiste voudrait entre en contact avec un producteur, même son
rapport personnel avec ce-dit producteur date de longtemps, il sait ce qu’il y
a à faire, il sait qu’il y a quelqu’un le gère. Il existe, à Kinshasa, des
artistes qui sont en contrat avec des managers mais quand il faut signer un
contrat qui rapporte de l’argent, ils y aillent seuls. Surtout si c’est
l’artiste qui a commencé le premier contact. Les artistes doivent commencer par
comprendre : « Je suis un artiste. Je chante. Je rappe. Je slame.
Je suis comédien,…J’ai besoin de quelqu’un qui accompagne ma carrière et non
d’un domestique ! »
Katanga Cultura
blog : Quels sont vos plus
grands souhaits ans le métier de manager musical ?
Mon premier plus
grand souhait est de voir un artiste que je manage se produire dans une grande
devant un public qui communie avec lui. Quand Michael Jackson se produisait
dans un grand stade, c’était une fierté pour son équipe. Je voudrais aussi que
mon artiste soit reconnu sur la scène musicale internationale. Cela a toujours
été ma lutte et je travaille beaucoup pour l’atteindre. Je rêve de voir mon
artiste se produire devant un public innombrable. Ce sera ma plus grande
fierté. Je voudrais aussi participer à la création et l’animation d’un grand
réseau international de jeunes managers artistiques. Je vois des aînés managers
qui font partie de certaines plateformes qui leur permettent d’échanger et de
créer une synergie autours du métier mais il n’existe pas grand-chose pour nous
les managers de la nouvelle génération. Nous avons essayé de faire quelque
chose au niveau de Kinshasa. Je rêve d’appartenir à un réseau international des
managers de la nouvelle génération pour secouer l’industrie musicale
congolaise. Je suis de ceux qui pensent qu’en animant une telle structure avec
des nouvelles idées, des nouvelles initiatives, nous pourrions contribuer au
développement de l’Afrique, parce que la culture peut développer notre
continent.
Propos recueillis par
Fils
Ngeleka
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