Dans son
objectif, chaque photographie est une arme. Pamela Tulizo est photographe,
vidéaste et promotrice et coordonnatrice de M. Mshuja Art (Mwanamke Mushuja
Arts), une structure basée à Goma
qui encadre les jeunes filles dans les domaines des arts plastiques, la
peinture, la photographie et la couture. Regard sur la carrière d’une
photographe engagée et hors pair.
Katanga Cultura blog : Comment
êtes-vous arrivée dans la photographie ?
![]() |
Pamela Tulizo Ph : www.congoinharlem.org |
Pamela
Tulizo : J’ai commencé la
photographie après un parcours de journaliste dans un médias de Goma en tant
que présentatrice. C’est après une année de parcours journalistique que je
découvre ma passion en tant photographe à force de manier la caméra et des
expériences de terrain de reportage. Je me suis découvert une passion pour la
photographie. Après mes débuts, j’ai senti la nécessité de perfectionner ma
pratique de photographe. J’ai par la suite eu la chance de
rencontrer Martin Lukongo Masudi, (un photographe et designer de Goma) qui m’a
formée en tant que photographe documentariste pendant plus d’une année.
Après cette phase, j’ai pu voyager au Sénégal pour approfondir ma formation. Je
fais la photographie documentariste, le fashion, le wedding, le paysage, le
portrait,…un peu de tout. Mais ce qui me passion le plus dans ma pratique de
photographe, c’est mon objectif de vouloir changer l’image de la femme pour
changer son image. Je représente la femme dans son quotidien, face à ses défis.
J’utilise la photographie comme arme pour mettre en valeur ma vision de la
femme et finalement changer son image. Beaucoup d’artistes, notamment les
musiciens, les caricaturistes ou les peintres, représentent la femme dans une
posture de faiblesse, d’incapacité et d’impuissance. Mais moi je crois que,
toute faible qu’elle puisse être, la femme est aussi capable de beaucoup de
choses. Je me passionne de représenter ce côté de la femme qui a le pouvoir de
changer son monde. J’ai exposé sur la thématique de « L’égalité au travail
entre l’homme et la femme » deux fois à Goma et une fois à New York, aux
Etats-Unis. Je veux me donner pour modèle ; je pratique un « métier
des hommes », un métier où il y a très peu de femmes. Je rencontre
beaucoup de femmes talentueuses et prometteuses mais qui restent retenues
derrières des considérations discriminatoires. On leur répète sans cesse
qu’elles ne peuvent rien faire, qu’elles sont bonne à rien et que leur place
est la cuisine. Elles restent coincées psychologiquement. Je défends tout le
contraire et je m’appuie sur la photographie pour le montrer. Je me sers de la
photo pour promouvoir la cause de l’enfant et de la jeune fille. Je prône
l’égalité des droits pour tous les enfants sans considération de race ni
d’âge ; je m’applique pour que les parents en aient conscience.
Katanga Cultura blog :
Arrivez-vous à vivre de votre passion ?
Pamela
Tulizo : Ce n’est pas facile de
vivre de la photographie. Je n’en vis pas encore et beaucoup de paramètres l’expliquent.
Il d’abord le fait qu’il y a une culture de scepticisme sur la capacité de la femme
photographe à produire un travail de qualité. On joui de très de peu de
confiance. Vous rencontrez souvent de gens qui disent « Ah ! C’est
une femme ? ». J’arrive quand même à gagner quelque chose de la
photographie mais pas comme je le voudrais. Je suis parfois entrainée à faire
autre chose mais je n’ai pas envie de lâcher prise ! Je crois dans ma
passion. Je me réjouis que cette passion me permette de passer des messages qui
me tiennent à cœur. Je suis sûre qu’un jour le monde découvrira ce qui est en
moi et il me récompensera comme je le mérite.
Katanga Cultura blog : Quelles sont vos plus grandes réalisations dans la photographie ?
Pamela
Tulizo : J’ai fais plusieurs
expositions à Goma et à l’étranger. Je me bats et j’avance malgré tous les
défis. J’ai réalisé déjà un bon pourcentage de mon objectif majeur, celui de
promouvoir l’image de la femme. Il y a quelques mois, j’étais l’unique
femme photographe de Goma. Je ne suis
plus seule aujourd’hui. Il y Ley Wera ou Esther Sapu notamment. C’est déjà
beaucoup pour moi. Cela montre qu’on prend conscience. Il y a un autre regard
sur la femme et la jeune fille. On peut à travers nous, réaliser que la femme
peut faire beaucoup encore.
Katanga Cultura blog : Est-il important de se former pour faire la photographie ?
![]() |
Ph : masterclasse.africalia.be |
Katanga Cultura blog : Quels son vos
plus grands rêves dans la photographie ?
Mon plus grand rêve est d’atteindre mon objectif,
celui d’améliorer l’image dans la femme à Goma, en RDC et dans le monde. Je
voudrais voir la femme sous un meilleur jour : une femme forte, capable,
qui garde sa culture. Il est vrai qu’il y a la misère dans notre environnement
mais il y a aussi de belles histoires de femmes à montrer. On a assez de voir
l’image de la femme vulnérable. Mon autre rêve est d’arriver à être reconnue en
tant photographe professionnelle chez moi, avec tous les mérites que cela
supposent. Je rêve de construire un grand studio où je pourrais former d’autres
filles dans la photographie.
Katanga Cultura blog : Feriez-vous la
photographie pour promouvoir l’image la femme si vous n’étiez pas de
Goma ?
Pamela Tulizo : Je suis à Goma depuis plus de vingt ans. J’ai eu la chance de côtoyer d’autres artistes, des peintres des musiciens, des photographes,…et la plupart utilisent la femme comme image pour vendre. Cela m’a choquée. La femme est quelqu’un de spécial. Il est vrai que Goma m’a beaucoup inspirée parce qu’il y la guerre, la misère mais au-delà de tout cela, il y a la vie. Pourquoi pas l’homme, me demanderiez-vous ? Parce que la femme est au centre de toute chose. Plus de quatre-vingts pourcents des représentations de la femme la montre dans une posture de vulnérabilité. N’y a-t-il que des femmes vulnérables à Goma ? Non ! Il y a des femmes mieux capables que des hommes mais très peu en parlent vraiment ! En tant que femme, je suis mieux placée pour défendre cette cause.
Pamela Tulizo : Je suis à Goma depuis plus de vingt ans. J’ai eu la chance de côtoyer d’autres artistes, des peintres des musiciens, des photographes,…et la plupart utilisent la femme comme image pour vendre. Cela m’a choquée. La femme est quelqu’un de spécial. Il est vrai que Goma m’a beaucoup inspirée parce qu’il y la guerre, la misère mais au-delà de tout cela, il y a la vie. Pourquoi pas l’homme, me demanderiez-vous ? Parce que la femme est au centre de toute chose. Plus de quatre-vingts pourcents des représentations de la femme la montre dans une posture de vulnérabilité. N’y a-t-il que des femmes vulnérables à Goma ? Non ! Il y a des femmes mieux capables que des hommes mais très peu en parlent vraiment ! En tant que femme, je suis mieux placée pour défendre cette cause.
Propos
recueillis par Fils
Ngeleka
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