Historien de
l’art, critique et commissaire d’exposition indépendant. En tant que critique
d’art, il correspondant à Paris pour la revue Contemporary And. Il collabore à
la mise en place de différents projets, telles les Rencontres de Bamako en
2005. En 2012, il a été chercheur au Centre Pompidou pour le programme
« Recherche et mondialisation ». En 2016, il animé un Workshop en
médiation culturelle dans le cadre de la Biennale de Dakar.
Katanga Cultura blog : Quel est
le travail du critique d’art ?
Dagara Dakin : Le travail de critique d’art est d’informer le
public sur la qualité ou l’absence de qualité d’une œuvre, d’une exposition,
d’un événement artistique auquel il aura assisté. Sa fonction est de rendre
compte, à un moment donné, de l’état de la production artistique.
Katanga Cultura blog : La critique
est-elle nécessaire au progrès de l’art ?
Dagara Dakin : Oui. La critique est nécessaire au progrès de
l’art dans ce sens que c’est parce qu’il y aura des critiques qu’il y aura des discussions, des échanges et qu’on
va pouvoir faire avancer, évoluer le regard sur la production artistique.
Katanga Cultura blog : Quelles sont
les opportunités et les pièges du métier de critique d’art ?
Dagara Dakin : Sur la question des opportunités de critique,
j’avouerai que c’est très compliqué. La plupart des critiques ne font pas que ça.
Ils font d’autres métiers à côté qui leur permettent de vivre. Avant une
passion est vraiment une passion, une activité qu’on a en plus. Il faut déjà
s’estimer heureux de pouvoir publier et d’être lu dans différents magazines.
La critique est assez pluridisciplinaire. Tout
dépend du critique à la base. S’il est un historie de l’art, cela lui permet
d’avoir un champ de prospection assez large ; il peut aller de la
sculpture à la peinture en passant par d’autres domaines. D’ailleurs l’une des
qualités du critique est d’avoir un bagage suffisant ; d’avoir une bonne
culture générale qui lui permet justement d’avoir une analyse critique par
rapport aux propositions qu’il peut rencontrer.
Katanga Cultura blog : Le travail du
critique d’art est diversement appréhendé par les artistes ; le sens du
mot critique est d’ailleurs polémique et connoté. Est-ce le même problème en
France où la pratique d’art atteint un
seuil référentiel ?
Dagara Dakin : Oui, totalement. Parce que le critique est une
instance de validation à un moment
donné. Si un critique rend une critique qui n’est pas favorable à la
proposition d’un artiste, forcément on peut se retrouver confronté à des
susceptibilités. Déjà sur le continent africain, on sait qu’il y a un manque
crucial de critique d’art et par conséquent, plus il y aura des gens qui
s’essaieront à la critique et mieux ce sera. Parce que cela participera du
progrès de l’art. C’est difficile d’utiliser le terme de progrès, d’évolution
et même d’amélioration de la qualité de la production artistique, pourtant sous-jacent
à l’idée de critique. D’ailleurs c’est ce qu’on entend, la cohérence du propos
de l’artiste en résonance avec le contexte et l’époque dans lequel il vit. Oui
il y a un manque crucial de critique aussi bien, à Lubumbashi, en RDC et sur le
reste du continent.
Je pense que c’est quelque chose qu’on va voir sur
le long terme. Sortir de là est une étape dans le sens ou on va voir si après
l’assiduité que les uns et les autres ont montré pendant ce workshop, sera vue
sur le long terme. C’est en pratiquant qu’on se rend compte de la réalité des
choses et qu’on peut être amené à changer son point de vue.
Katanga Cultura blog : L’une des
difficultés du métier de critique est l’appréhension que les artistes ont de la critique ; puisque la critique est
nécessaire et qu’elle doit être prise en compte, quels efforts, aussi bien de
la part des artistes que des critiques, suppose sa prise en compte ?
Dagara Dakin : Il faut déjà que les artistes se disent que le
travail du critique n’est pas d’être là pour les empêcher de créer mais au
contraire de les amener à améliorer leur pratique artistique. Le critique peu
faire une critique dans le cadre d’un échange avec un artiste. Il faut qu’il y
ait des échanges sur le long terme qui peuvent être bénéfique pour les deux
parties. Le critique a aussi son autocritique à faire par moment pour voir s’il
n’a pas été trop dur parfois, s’il n’a pas vu des choses qu’il aurait vues s’il
s’en était donné la peine,.. Enfin ! Le critique est un homme comme tous
les hommes et donc il peut commettre des erreurs. On est dans un rapport
d’échange, de dialogue plutôt que dans un rapport de fermeture, purement et
simplement.
Katanga Cultura blog : Vous qui êtes
un critique patenté, que préconiseriez-vous aux jeunes critiques désireux de
persister et de progresser dans le métier ?
Dagara Dakin : Pratiquez ! Pratiquez !
Pratiquez ! Ecrire ! Se documenter !voir des expositions,
prendre des notes. Ecrire même si on
n’est pas nécessairement publié. S’exercer et ne pas lâcher l’affaire. Si un jeune
critique veut persister dans le métier, si vraiment c’est ce qu’il veut faire,
il faut qu’il trouve les moyens de dépasser la question économique pour
pouvoir, à côté de cela pratiquer sa passion et petit à petit, peut être qu’il
arrivera à exister grâce à cette activité.
Propos
recueillis par Fils Ngeleka
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