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vendredi 6 mars 2015

Tegra Ntumba : chantre de la fidélité de Dieu



Native de Mokambo, la cité sur la bordure congolo-zambienne, Tegra Ntumba est  de ceux qui ont eu le mérite de grandir dans la chaleur de l’église. C’est dans son église, Nzambe Malamu de Mokambo qu’elle s’échauffe la voix. Il y dirigera la chorale centrale des filles six ans durant avant de s’installer  à Lubumbashi où elle vit depuis l’année 2009. De la fratrie de Momba Yatshi, le célèbre musicien zambien d’origine congolaise, adepte spirituelle de feu Alain Moloto, comme elle l’affirme, Tegra Ntumba est un talent incontestable de la musique lushoise. 
Sœur Tegra Ntumba. Artiste musicienne. Ph:Fils Ngeleka
Katanga Cultura : Vous faites carrière dans la musique. Vous avez déjà un album. On peut se permettre de dire que vous entrain de trouver votre voie. Comment elle commence, cette aventure ?
Tegra Ntumba : Quand j’arrive à Lubumbashi, je devais avoir 16 ou 17 ans, j’étudiais au lycée Wema alors, c’est là qu’une religieuse, madame Ernestine, me remarque  et m’approche pour m’aider à faire mes débuts en  studio. Le projet tournera court malheureusement, il avait buté sur des réserves familiales. J’étais en quatrième des humanités, je vivais chez mon oncle qui n’admettait pas de me voir courir après deux lièvres à la fois. En effet, ma famille me voyait très mal combiner à la fois mes études, qu’elle considérait prioritaire, et la carrière musicale. Je me suis vue obligée d’arrêter le studio au terme d’un seul enregistrement. J’étais bloquée sur ce point-là, mais aujourd’hui j’ai franchi tout cela. Quand reprend l’aventure en 2013, j’ai vite constaté que les choses marchaient mieux qu’avant, j’en ai déduit que le temps de Dieu avait sonné. J’ai vite remarqué une rupture par rapport au passé, ce temps où j’étais pleine d’envie de chanter, d’éditer des chansons mais pendant lequel pas grand-chose ne marchait vraiment. Maintenant, je ne force plus les choses. Quand j’envisage d’enregistrer, de tourner une vidéo, cela me réussi. J’en tire une conviction : c’est le temps de Dieu.
Katanga Cultura : Vous venez de sortir Ami fidèle, votre premier album, pourquoi ce titre ?
Tegra Ntumba : En tant que homme, nous avons une certaine expérience de la vie. Quelque soit l’âge que nous ayons, chacun en ce qui le concerne, a vécu des situations qui lui ont attesté la fidélité de Jésus. C’est lui, Jésus, qui ne déçoit point, il est le seul qui promette et qui réalise. J’ai donné ce titre parce que j’étais avertie de plusieurs promesses divines concernant ma vie. J’ai, par la suite, rencontré des situations difficiles qui m’ont fait frôler le désespoir voire la mort, mais Dieu m’a secourue pour me prouver sa fidélité et son indéfectible attachement à sa parole. Je suis une artiste aujourd’hui mais cela a été prédit. Ainsi, je me dis « si les promesses de Dieu s’accomplissent dans ma vie alors Dieu est fidèle, il reste toujours fidèle à sa parole ! ». Je me rappelle que mes parents m’ont promis qu’ils allaient financer les enregistrements de mes chansons au studio, de me faire voyager une fois que j’aurais fini mes études. Mais j’ai enregistré cet album, sans le concours financier de papa, et quand je lui dis que j’attends de voyager comme il me l’avait promis, je m’entends répondre : « attends, nous avons encore les charges scolaires de tes sœurs…» et tout se complique. Quelque soient les excuses, il n’a pas tenu parole. Pourtant aujourd’hui, je vis les promesses de Dieu, c’est cela qui me fais dire que Dieu est fidèle. Dieu m’a fait des promesses qui devaient s’accomplir en 2014, pourtant en 2013 je suis passée à deux doigts de la mort, mais il m’a protégée justement  pour ne pas laisser sa parole sans s’accomplir. Voilà qui me motive à mettre un accent particulier sur la fidélité de Dieu.
Katanga Cultura : Alors précisons pour nos lecteurs, que ce à quoi vous faites allusion, qui vous fait frôler la mort en 2013, c’est une terrible maladie qui vous agace dès l’année 2008. Aujourd’hui que tout cela est derrière vous, comment le souvenir s’évoque dans votre esprit ?
Tegra Ntumba : Nous n’avons plus de passé en Christ, cependant en tant qu’humain on ne peut pas s’empêcher le souvenir. J’ai été brusquement terrassée par une étrange maladie. En effet, j’étais à Mokambo et il s’y tenait alors une grande manifestation au stade Wansansa, organisée par un frère de nationalité zambienne. J’ai été parmi ceux qui avaient presté. A 17 heures, je perds brusquement connaissance et je mets six heures durant dans cet état. Ce qui devait paraître comme un éphémère moment de déséquilibre sanitaire, étais pourtant le début d’une souffrance qui allait durer ! Quelques jours après cet événement, je tombe dans la même crise, cette fois-là, c’est à l’école que cela m’arrive. Méjugeant mon mal, la médecine diagnostique une inflammation de l’appendicite. Il s’en suivra une opération mais l’intervention thérapeutique ne surmonte pas ma maladie. Des jours plus tard, alors que je chantais à l’église la nuit d’un réveillon, je perds brusquement connaissance, une fois de plus. Cette maladie m’avait profondément déstabilisée, j’ai déserté l’école pendant une année et j’ai notamment été empêchée de chanter. Grâce aux prières de membres de l’église, il avait plu à Dieu de nous révéler le vrai problème et, surtout la voie pour en sortir, c’était l’éloignement. C’est comme cela que j’ai quitté Mokambo pour Lubumbashi.
Katanga Cultura : Parlons de l’album maintenant…
Tegra Ntumba : L’album s’intitule Ami fidèle, il contient onze titres. J’en ai lancé six pour lesquels j’ai achevé les vidéos. Je n’ai pas vendu de CD.
Katanga Cultura : N’est-ce pas trop ! Onze titres ?
Tegra Ntumba : Ce n’est pas trop. Mes chansons sont faites pour évangéliser, j’estime ainsi qu’il en faut davantage au peuple de Dieu qui en a besoin pour sa croissance. D’ailleurs les onze titres sont infimes si l’on doit considérer ce que le Saint-Esprit peut nous donner à comprendre à l’immensité et à la profondeur de la bible à travers chacun de ses livres. Tous les chants de mon album sont faits pour évangéliser et fortifier le peule de Dieu, j’y trouve rien d’excédant. Je serais allé à quarante voire plus si cela était possible !
Katanga Cultura : Onze titres cela supposent des moyens ?
Tegra Ntumba : La bible dit que c’est l’œuvre de ton Dieu qui te bénira. Minimisons les moyens lorsqu’on prend l’engagement d’œuvrer pour Dieu et de lui gagner les âmes. Je n’avais rien quand je faisais mes débuts dans cette carrière musicale mais la grâce Dieu, qui est sur moi,  a suffit pour me mettre sur le chemin d’un bon producteur. Cet album je l’ai commencé avec Junior ML, l’ingénieur du son, on a fait huit titres et quatre vidéos avant qu’il ne parte pour l’Afrique du Sud. A Lubumbashi où je suis restée, j’ai participé à un festival de jeunes talents organisé au Ciné Betamax. J’ai heureusement été sacrée première ce qui m’a fait repérer par la maison Planet de monsieur Mike qui a, depuis lors, pris l’engagement de m’appuyer afin de promouvoir le talent qui est en moi.
Tegra Ntumba et Franck Mulaja. Ph:Adonis Kayembe
Katanga Cultura : Sur l’album, Ami Fidèle, pour ne pas le nommer, vous signer, sur le titre Ma confiance, une collaboration avec le frère Franck Mulaja, une vedette de la chanson chrétienne, comment se fait la rencontre ?   
Tegra Ntumba : C’est la maison Planet Studio qui a fait le rapprochement. Ils m’ont proposé l’idée, et moi connaissant le frère Franck Mulaja, un fruit issu d’un bon arbre qui est papa Alain Moloto, j’ai apprécié l’idée. Seule je n’aurai, peut être, pas pu facilement le solliciter et le convaincre à intervenir sur l’album, ma volonté allait buter sur des réserves de sa part. Mais avec le concours de mon producteur, tout  s’est bien passé, il a disposé de moyens pour que le  frère Franck se sente libre et à l’aise. Il a fait l’essentiel. J’ai fait cette chanson aussi pour renforcer la musique du Katanga.
Katanga Cultura : Etait-ce un rêve de chanter un jour avec Franck Mulaja ou on a juste profité du fait qu’il était à Lubumbashi, se disant pourquoi pas ?
Tegra Ntumba : C’était un rêve. J’attendais de chanter un cantique écrit par papa Alain Moloto. Je l’ai rencontré un jour chez le pasteur Jonas, j’ai en mémoire le compliment qu’il m’avait fait : « Tu as une belle voix », je venais d’interpréter la chanson Divine amour de Gael. Et il m’a dit : « Je vais t’écrire une chanson comme je le fais avec Nadège ». Malheureusement sa mort à rendu mes attentes irréalisables. Mon ardent désir était de chanter à ses côtés. A travers frère Franck Mulaja, j’ai vu le reflet de son image. J’ai senti beaucoup d’aisance dans le fait de chanter avec l’un des ses musiciens. L’autre raison c’est que le leadership enseigne que pour être grand, il faut vivre avec les grands, côtoyer les grandes personnes. Cette collaboration a apporté beaucoup à l’album, en termes d’image. Vous savez qu’il faut de la conviction pour que quelqu’un comme Franck Mulaja accepte de chanter avec vous, son Dieu l’a convaincu à conjuguer son talent avec le mien. J’en ai bénéficié aussi en renom. J’ai composé la chanson en considération des paroles que nous aimerions bien, lui et moi, adressé à Dieu.
Katanga Cultura : Quels sont vos vœux ?
Tegra Ntumba : Je désire, tout d’abord, renforcer la promotion de cet album. Et puis je projette de travailler une série de chansons, même quinze titres rien pour adorer. Je souhaite les donner à quelqu’un qui puisse les publier partout. C’est le grand projet que j’ai à cœur. Je veux pouvoir me déplacer et ainsi avoir la chance de me produire un peu partout, pas forcément au Canada, en Angola ou je ne sais où encore hors de nos frontières. Il y’a beaucoup de gens chez nous qui ne connaissent pas encore le Seigneur. Et nous avons, en tant que messagers de Dieu, ce devoir-là d’aller à Mwenda, Kipushi, Tshembe, à Mansa, à Kasama pour propagé l’évangile.
Katanga Cultura : Un dernier mot, à l’intention de tous ceux qui vous liront
Tegra Ntumba : Je suis honorée de vous parler. Que le peuple de Dieu nous fasse parvenir ses conseils, ses remarques. C’est à lui qu’est destiné l’évangile que propagent nos chansons. Ecrivez-vous et aider nous à faire mieux.
Katanga Cultura : S’il vous était demandé de faire une prière pour la RDC en cette année 2015, que diriez-vous ?
Tegra Ntumba : Que notre Dieu bénisse et protège le Congo.

Propos recueillis par Fils Ngeleka

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