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mercredi 17 décembre 2014

Mical Rose : L’étoile qui se dessine



Elle n’a pas encore l’excentricité des chanteurs. La plastique demi-svelte, l’air timide, une apparente timidité dans laquelle se tapit pourtant l’énergie d’artiste ; le look rosé, ce qui lui a valu le pseudo de « Rose », Mical Rose, cette belle inconnue du grand public lushois, est une étoile qui se dessine. Il se peut que vous vous leviez, un de ses quatre, avec sa lueur brillant au-dessus de votre maison.
Katanga Cultura : Qui est Mical Rose et d’où vient elle ?
Mical Rose, artiste musicienne de Lubumbashi. Ph. Fils Ngeleka
Mical Rose : Je suis née Lubaba Ngoyi Anne-Mical,  Mical Rose est mon nom de scène. J’ai commencé mon aventure musicale par la danse dans le club Arsenal de danse au quartier Bel air. Alors que j’étais incapable de chanter correctement, je me suis découvert une vive passion pour l’interprétation. J’interprétais souvent les chansons des artistes que je voyais à la télévision, je reproduisais par écrit les paroles de ses chansons et je les répétais à la maison. Ma passion a grandi au fil de temps et, avec elle, ma capacité à pouvoir chanter. C’est forte de ce progrès-là que j’ai réussi à sortir du cadre familial.

J’ai commencé par chanter dans des écoles, des noces et d’autres cérémonies, mais c’est dans les écoles que je me suis souvent produite. Sur ces entrefaites, j’étais loin de pensé que je réussirai un jour à enregistrer une chanson, ce que je faisais était purement de l’occupationnel, je m’amusais à interpréter devant un public, me contentant des ovations.
Des personnes, dans mon entourage et ailleurs, m’ont persuadée que c’était cela mon destin. Depuis lors, j’ai appris à développer ce qui est en moi.
Par la suite j’ai eu la chance de répéter avec le groupe Manus de l’institut français de Lubumbashi, mais j’étais honteuse. Je m’en sortais facilement dans les écoles, le milieu m’était devenu habituel, mais chanter devant un public aussi avisé qu’était celui de l’institut français alors, m’était ardu. C’est au fil de temps que j’ai appris à me concentrer sur la scène.
K-C: C’est quoi la musique pour vous, un passe-temps, une occupation ?
Mical Rose : C’est une passion pas un passe-temps. Ça ne fait pas longtemps que je pratique la musique avec autant d’engagement. Récemment, j’ai été choisie pour accompagner maman Mbilia Bel dans une série de ses productions à Lubumubashi. Cette collaboration m’a beaucoup. Au-delà de la considération que j’ai ressentie dans le fait d’avoir été parmi les rares personnes retenues pour accompagner une aussi grande voix de la chanson congolaise, j’ai appris à attacher de l’importance à ma petite carrière, à me prendre au sérieux. Je suis intervenue dans ces productions-là comme chanteuse et danseuse. Toutes les fois que j’y repense, je me dis, dans mon tréfonds : « Mical, tu peux faire mieux ! ». Lubumbashi une forêt d’artistes, il est bourré de chanteuses pour parler de ce qui m’est proche, mais quand on vient ne serait-ce qu’une fois à sortir  du lot sur un projet de grande envergure, c’est émouvant !
K-C: Parlons de Mbilia Bel justement, fait-elle partie de vos modèles ?
Mical Rose : Elle est une grande chanteuse. J’aime toujours sa façon de chanter, seulement je ne suis pas une fan des musiques congolaises ; je suis plutôt passionnée des musiques européennes, ces musiques sur lesquelles je me suis inventée  et  j’ai inventé mon esthétique musicale. Parmi mes modèles il y a Shakira, dont j’interprète souvent les chansons, Zaho ou Rihana.
Mical Rose, artiste musicienne de Lubumbashi. Ph. Fils Ngeleka
K-C: Que s’est-il produit dans votre vie, votre façon de voir les choses qui a suffit à vous motiver pour qu’enfin vous vous engagiez sérieusement dans la musique ?
Mical Rose : J’ai compris que le manque de sérieux ne m’était pas loisible. Avant je ne comprenais pas pourquoi la musique pouvais être une occupation sérieuse. L’école du temps m’a appris à intérioriser cette approche. J’ai compris que chanter est  mon destin.
K-C: Vous qui avez déjà franchi ce mur de la honte, que diriez-vous à tout ceux qu’il enchaîne encore ?
Mical Rose : Je voudrais leur dire que si vraiment ils ambitionnent de chanter comme tous ces artistes qui les frappent d’admiration, il va leur falloir briser la honte. Ils doivent, en plus, donner libre cours aux expressions de leurs cœurs et prendre les choses au sérieux.
K-C: Evoquons votre actualité…
Mical Rose : Je travaille pour le moment sur une chanson promotionnelle, parallèlement je prépare  un maxi-single qui comprendra quatre chansons. La chanson que je m’apprête à lancer s’intitule « Ata ku umiza ».
K-C: De quoi parle-t-elle, cette chanson ?
Mical Rose : L’arrière-plan de la chanson est l’histoire d’un homme qui a une liaison avec une femme qui voit en lui rien de plus qu’une source d’argent, un pourvoyeur de sous. C’est cet homme que j’alerte sur les conséquences de ce type de liaison, je le préviens en lui disant : « Ata ku umiza !, cette fille n’est pas bonne pour toi !» Je considère cette chanson comme un avertissement, une mise en garde.
K-C: L’idée est partie d’un constat, d’une triste réalité dont vous avez été un témoin privilégié ?
Mical Rose : Je me le suis plutôt imaginé. Mais c’est réel, ça se vit,  ici comme ailleurs, mais la chanson  n’est pas inspirée d’un cas que j’ai vécu. L’idée m’a traversé l’esprit quand je suis arrivée au studio, alors je me suis dis pourquoi pas ?
K-C: Faites-vous des collaborations artistiques ?
Mical Rose : Bien sûr,  j’avoue n’en a voir pas fais beaucoup jusque-là mais je collabore. Il y a Agressivo qui a posé en introduction de « Ata ku umiza ». Si mes collaborations se comptent sur les doigts d’une main, c’est surtout parce que je me refuse à certaines participations. Je n’apprécie non plus beaucoup l’évolution en groupe, je me retire.
K-C: Elle ne fait pas vivre son homme pourtant…
Mical Rose : Vouloir obtenir quelque chose de la musique, est une bataille personnelle, C’est à soi de décider ce que l’on attend de la musique. Si vous vous y consacrer comme à un jeu, vous contentant des  ovations, le résultat sera proportionnel, par contre si vous voulez en vivre, c’est bien possible. Moi je crois à la réussite, même si beaucoup ont échoué, moi je sais ce que je fais et suis convaincue de pouvoir aller loin.
K-C: Etes-vous liée avec un producteur ?
Mical Rose : Je n’ai pas de producteur à proprement  parler, je suis aidé par le studio Dienem Chris Record. Je travaille avec l’ingénieur du son. On fait de notre mieux en attendant demain. Je suis de ceux qui pensent qu’il faut, dans toute chose, montrer sa volonté.
K-C: Ce n’est pas facile pour une fille d’exercer dans la musique, elles sont nombreuses celles qui échouent de persuader  leurs familles, celles qui se heurtent encore aux restrictions familiales, aux préjugés et aux a priori culturels. Avez-vous été exemptée ?
Mical Rose : Les gens illusionnent à la vue d’une artiste musicienne. Moi, je vis avec ma mère, elle s’est opposée à moi avant de me laisser m’adonner à la musique. Je me rappelle qu’elle a subie l’influence de plusieurs personnes, dans mon entourage, qui  l’ont persuadée que ce n’est pas une bonne vie, la vie d’artiste féminine. Elle a fini par comprendre que le chemin pour lequel je m’obstinais est bel et bien mon destin. Le changement s’est opéré quand je  l’ai invitée quelque part où je chantais, elle a vu combien j’étais applaudie. Par la suite, des gens lui ont parlé pour la persuader de me laisser faire.
K-C: Votre dernier mot
Mical Rose : Je dis à tout le monde que je suis là, animée d’une volonté de faire toujours la bonne musique.
Propos recueillis par Fils Ngeleka

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