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mercredi 18 février 2015

« L’irrésistible ascension de Moïse Katumbi » à l’affiche du 24ème FESPACO. Le Katanga exigera d’être évoqué

Sur les 48 films que diffusera hors compétition la 24ème édition du FESPACO, figure le dernier documentaire du réalisateur belge Thierry Michel consacré à Moïse Katumbi, sous le titre « L’irrésistible ascension de Moïse Katumbi ». Ce film est au programme dans la section « L’Afrique vue par », la lucarne de la biennale dédiée aux films de long métrage, de court-métrage, documentaires et de fictions des cinéastes du monde entier, et dans laquelle, ceux-ci expriment leurs vues, leurs regards sur l’Afrique. Sans doute, que par delà le personnage central, l’on ne manquera pas de parler du Katanga,  la province dont il est le gouverneur.
Affiche du film de T. Miche. Source: moise-lefilm.com
Le film
Le film est en couleur et  dure 58 minutes, un moyen métrage. Il est sous-titré « Moïse Katumbi, foot, business et politique », il présente Moïse Katumbi comme «  un personnage complexe, un grand équilibriste », dresse de lui « le portrait d’un homme dynamique quand il s’agit de redresser sa province, mais également celui d’un populiste qui multiplie abus de pouvoir et conflits d’intérêt… »,[1] et le décrit aussi comme « allié  et rival » du président Kabila « au point que beaucoup voient en lui un futur président de la RDC ».[2]
Un documentaire à charge
Moïse Katumbi récuse des pants de la substance du film qu’il qualifie de « documentaire à charge »[3]. Dans une interview accordée à Jeune Afrique le gouverneur, Moïse Katumbi, s’avouant respectueux du réalisateur, reproche au film une série « de contrevérités ou de raccourcis (…) il est basé sur des images d’archive, déjà vues dans Katanga Business(…) On y présente des images de 2005-2007,
avant que je devienne gouverneur, comme si cela venait de se produire. C’est étonnant ». Moïse Katumbi craint aussi que le réalisateur n’« ait été manipulé et qu’il n’ait pas vérifié ses informations », ce dont Thierry Michel se défend. Il a, à travers une lettre ouverte, publiée dans Jeune Afrique, défendu la teneur de son film,² niant notamment l’hypothèse de la manipulation : « Je pense avoir suffisamment d’expérience, après quarante année de métier, pour ne pas être instrumentalisé à mon insu. J’ai simplement réalisé à la fois un travail journalistique et une œuvre cinématographique (…) J’ai également eu recours à certaines images de Katanga Business comme archive(…) Le film est chronologique et historique et remonte le temps de vos réalisations du début de votre mandat à aujourd’hui »[4].
Le réalisateur
Thierry Michel est auteur d’une dense filmographie, dont une bonne part concerne la RDC. Il a notamment réalisé Congo River, au-delà des ténèbres, Mobutu, roi du Zaïre, Nostalgies pot-coloniales, Zaïre, le cycle du serpent, Katanga Businesse. Sa caméra et sa plume ont, à la manière du réalisateur, écrit l’histoire du Congo. Témoin privilégié de grands tournants de l’histoire contemporaine de la RDC, il est de ceux qui ont forgé des imaginaires. 
Vous pouvez regarder le film de Thierry Michel en suivant ce lien: L'irrésistible ascension de Moïse Katumbi
L’œuvre de Thierry Michel force l’estime cependant certains critiques lui reprochent un « manque d’analyse ». Collette Breakman formulait cette critique à propos de L’irrésistible ascension de Moïse Katumbi : « alors que  « Katanga Business » avait suscité l’enthousiasme, ce film ci fut une déception : image déjà vues, critiques assez unilatérales et superficielles, le tout donnant une impression d’assemblage « vite fait bien fait » comme pour répondre à Dieu sait quel critère de production à tout prix(…) il eut fallu (…)mener sur le terrain une enquête minutieuse, ce que Thierry Michel, pour des raisons étrangères à sa volonté, n’a plus le loisir de faire et il faut le déplorer »[5]. Le film, enchérit-elle « ne mérite ni (...) excès d’honneur ni (…) indignité, car il est  tout simplement médiocre et ses détracteurs tirent au canon sur un agaçant moustique ». Il est  parfois reproché au réalisateur, surtout en Afrique, de grossir, de réduire les traits de la réalité ou purement et simplement de les obliquer, des appréciations qui lui ont jeté le blâme. « L’Afrique n’a ni  la tradition ni les infrastructures fondant le cinéma et bien du mal à se dégager de la colonisation de la distribution au cinéma comme à la télévision »[6] répondait le cinéaste à la préoccupation si l’on ne devait pas se faire quelque regret qu’un film comme Mobutu, roi du Zaïre n’ait pas été fait par un africain.
Le Katanga se fera évoquer
Au-delà de son « héros », à l’endroit ou à l’envers des vues, des lectures, le film mettra sous les feux de la rampe le Katanga, le cru de Moïse Katumbi.
Impossible de parler, en bonne ou en mauvaise part, de l’ascension de Moïse Katumbi sans que son Katanga n’oblige d’être évoqué. A cette terre, se trouve incontestablement liée une part du prestige de l’homme. Katumbi n’aurait jamais résonné aussi lourd sans que son nom n’eût rimé avec Katanga, Katanga comme d’une aire d’une autre ère, d’un lieu fatal, d’un bond dans la direction idoine. Que l’on s’accorde d’entendre Irrésistible ascension comme expression de montée en envergure et constat et description de plus belles réussites ou comme autre chose de contraire à ceci, toute hypothèse fera évoquer le Katanga.
Notes :


[1] RDC-Moïse Katumbi : « Je nourris aucune ambition politique » par Jeune Afrique. En ligne sur www.jeuneafrique.com.
[2] RDC : un film de Thierry Michel sur le gouverneur du Katanga fait polémique. En ligne www.nouvelobs.com
[3] Moïse Katumbi : « Que faisons-nous de la RDC ? ». Par Marwane Ben Yahmed. En ligne sur www.Jeuneafrique.com
[4] RDC – Thierry Michel : « Je n’ai été manipulé par personne ». En ligne sur www.jeuneafrique.com
[5] Katumbi/Thierry Michel : ni excès d’honneur, ni indignité. Le carnet de Collette Breakman. En ligne sur http://blog.lesoir.be
[6] Africultures –Entretien d’Olivier Barlet avec Thierry Michel. En ligne sur www.africultures.com

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