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dimanche 26 avril 2015

Fiston Saï-Saï: L’autre procès…

Le 28 février, la nouvelle sollicite toute oreille. Il y a tout à parier que même les plus discrètes en ont eu vent: « Fiston Mafinga Sese[1], alias Saï-Saï vient d’être incarcéré au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa, pour viol présumé sur mineure ». Imputation subséquemment à laquelle, le comédien est écroué à la prison centrale de Makala. A tous les vents, la nouvelle se répand. On l’apprend par téléphone arabe, à travers les médias traditionnels, à travers Internet…Elle se propage de mille façons, tellement le prisonnier  n’est pas un homme quelconque. C’est une personnalité, un oiseau aux pelages remarquables, un célébrissime comédien, une âme adulée, et particulièrement des plus jeunes. Le 20 mars 2015, le tribunal de grande instance de la Gombe acquitte Fiston Saï-Saï faute de preuves.

Fiston Sai Sai. Source:Voila.cd

Heurt des vues, le procès parallèle
Cet acquittement clos l’épisode judiciaire de l’affaire. Mais le procès parallèle, celui qui fait se heurter les vues, les regards, les opinions, tient encore ses audiences. Ce procès sans arbitre oppose deux opinions. Celle de ceux qui, dans cette affaire de viol présumé, ont dénoncé depuis le début, le complot, la machination contre Fiston Saï-Saï et qui ont accueilli l’acquittement qui l’a conclu comme une victoire, une obstination de la vérité devant le mensonge et l’acharnement.
L’autre vue, est celle de ceux qui ont donné de la voix, déjà des le lendemain de la révélation de la présomption de viol, pour inviter à constater la « bêtise » d’une classe de personnes influentes qui se croit toute permise, une petite bourgeoisie qui excelle en licence et abus d’influence perdant pied dans ses propres écarts. Aussi,
ne se sont-ils pas gardés de contester l’acquittement de Fiston Saï-Saï, y percevant « une couverture », « un abri » en faveur d’une petite bourgeoisie, d’une caste de personnalités en bonne grâce, saoul de « certaines influences ».
La gênante controverse

Le flot de commentaires émis avant, pendant et après le procès,  à travers d’innombrables médias et particulièrement sur Internet, témoignent, dans des proportions bien encore crues, des  écarts, du fossé qui séparent ces deux opinions. « Il est tout naturel qu’une affaire comme celle-ci suscite des opinions tous azimuts ! » me dirait-on. Je le concède. Qu’y-a-t-il de gênant alors ? Le côté gênant de la chose est plutôt dans la controverse qui émaillera l’image de Fiston Saï-Saï. Fut-elle de l’ordre de l’appréciation des choix, des orientations artistiques, celle controverse n’aurait pas gêné grand monde. Des goûts et des couleurs on ne discute ! Mais que la controverse se soit fondée sur une présomption de déviance morale, d’abus sexuel…elle est quand même criarde et dérangeante. Dérangeante pour l’image d’un artiste qui forçait la sympathie.
Ça aurait pu faire bon buzz !
Fiston Sai Sai. source:Médiacongo.net

On savait très peu de la vie de Fiston Saï-Saï. L’image que le grand public avait de lui était d’un jeune homme gai, gentil, coquin, de bonne moralité…un a priori tel que le comédien apparaissait à nous à travers ses pièces de théâtre et ses nombreux spots publicitaires.
Plusieurs solidarisaient avec lui. Une étude[2] menée en juin 2014  à Kinshasa sur les personnalités préférées de Kinois[3] a révélé Fiston Saï-Saï comme le comédien le mieux apprécié dans le domaine de la publicité.
Cette image n’est plus indemne. La virginité dont elle jouissait s’est fendue, elle a volé en éclat ! Le doute l’affectera désormais. Jamais qu’à l’occasion de cette affaire de viol présumé, le nom de Fiston Saï-Saï n’avait autant défrayé la chronique, jamais il n’avait autant fait le gloser ! Cela aurait pu être n bon coup de pub s’il n’y avait pas eu présomption de viol. Les artistes sont affamés d’attention, de figer les regards, de faire le buzz. Las que ce soit un buzz qui semble le réduire plus qu’il ne paraît l’accroître !
L’irréparable de la chose
Ce serait quand même excessif d’affirmer que son image est encornée. C’est plutôt la confirmation de la présomption de viol qui l’aurait compromise. Elle n’est quand restée quitte non plus. L’image de Fiston Saï-Saï a été entamée, égratignée, effleurée, entachée. Cette image que beaucoup sollicitaient pour servir la cause publicitaire doit inspirer quelque doute désormais. Celui dont l’image a été associée aux spots publicitaires pour les plus jeunes, pour les enfants, a été présenté dans les allures d’ « ogres ». Dans une
source:youtube.com
société où la plupart ont encore du mal à cerner la notion de présomption d’innocence, une accusation de viol ; même quand elle vient à être infirmée, ne reste pas sans obliquer des opinions. C’est le côté irréparable des affaires comme celle-ci. Rien ne reste plus comme avant. Ni les démentis, l’acquittement…qui peuvent venir à les sanctionner, ne parviennent à reblanchir l’image. Un peu comme quand on chute dans l’eau. Que quelqu’un nous y ait poussé ou qu’on n y soit tombé par inadvertance, on s’en sort mouillé, rien à faire. Elles son dommageables !
Peut être  réussira-t-il à faire mentir nos craintes, nos appréciations car il y a parfois comme du mystère chez les artistes. Du mystère susceptible de le remettre sur le bon courant même quand on les donne hors cours, mystère susceptible de le faire renaître des cendres quand on les croit complètement cramés.


 Notes:
[1] Patron  d’une maison de publicité et de production audiovisuel dénommée F Saï Prod Auteur notamment de « Koffi Central », une comédie musicale en hommage au chanteur Koffi Olomide, « Mbutu Mbutu » ou de « Libala ya Bamongo ».
 [2] L’étude a été menée du 06 au 09 juin 2014 à Kinshasa, capitale de la RDC où vit l’artiste. Initié et menée par le cabinet TARGET, cette étude visait de révéler aux agences de communication et aux annonceurs les personnalités de les aider à améliorer leur image auprès de leurs cibles.
[3] Habitant de la ville de Kinshasa.

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