Il est de cette
génération d’artistes qui, il y a quelques années se taillaient une bonne célébrité à Lubumbashi.
La scène du rap locale n’a aucun mystère pour lui. Depuis quelques temps, il est
passé quelque peu à l’abri des regards et des écoutes. Aménophis King, le
rappeur, est sur le chemin du retour et le
trajet qu’il a choisi d’enfiler a comme nom « Hommage aux bons sons »,
son nouvel album collectif avec Alexandre Mulongo. Nous inspectons avec lui, dans
les lignes suivantes, les atouts et la recette de cette ruelle du come back.
Aménophis
King : L’album est titré Hommages aux bons sons. Nous y avons
sampler quelques vieux succès de la chanson congolaise. Pour vous donner une
idée, il y a un truc de Mbilia Bel, de Wendo Kolosoy, entre autres. Il y aussi du
Katangais. Un vieux son d’un certain Léon. C’est un vieux que je ne connaissais
pas du tout. Il doit être mort. J’ai cru un moment, quand je samplais sa
chanson, que c’était Masengo Katiti. Il fallait creuser pour être sûr que ce
n’était pas le cas. L’essentiel de la recette d’Hommage aux bons sons,
c’est du rap, notre premier amour, sur des samples de vieux succès de la
chanson congolaise.
Katanga Cultura : Pouvons-nous conclure que l’intégralité des titres de l’album n’est constituée que des samples ou qu’il existe, par ailleurs, sur l’album des titres que vous avez fait exister de zéro ?
Aménophis
King : Les samples sont dans
les instrumentaux, les mélodies et dans les refrains mais les couplets, les
textes sont les nôtres. L’album comprend
dix titres et seulement quatre sont nés des samples. Le reste est du Hip Hop. Vous
voyait ce que cela représente.
Katanga
Cultura : Quand on parle sample, je sous-entends : droit
d’auteur. Vous-êtes vous mis on ordre avec les droits des auteurs ou des ayants
droit?
Aménophis
King : J’avoue que non. Non,
pour la simple raison que les artistes concernés sont, pour la plupart, difficiles
à contacter. Alors nous nous sommes dits : on commence d’abord. Mais
parallèlement, nous poursuivons les
démarches pour entre en contact avec les artistes ou les ayans droits. Force est de reconnaître
que les musiciens congolais sont difficilement accessibles dans les contacts et
particulièrement sur Internet. C’est une énorme difficulté, qu’il me soit
permis ici de l’avouer. Mais on l’a fait d’abord, c’est un hommage !
Katanga Cultura :
De
quoi est-elle née, cette envie de mettre à jour ces « vieux sons » ?
Vous sentiez-vous redevable de cette musique pour la remettre, par le biais de
ce mixage de genres, aux goûts de l’heure ?
Aménophis
King : Ce choix a été motivé d’abord
par une envie de tenir en hommage toutes ces icônes de la chanson congolaise
pour le prestige de leur œuvre. Il nous a plu de faire ce mariage. En 2006 déjà
on a tenté de lancer le projet mais la qualité du son n’était pas considérable
alors à Lubumbashi. Nous avons simplement aimé faire ce métissage avec
l’ancienne époque. D’ailleurs, les mélomanes verront cette référence
passionnelle à l’ancien même sur les affiches de l’album. Nous nous sommes
habillés à l’ancienne.
Katanga
Cultura : C’est du gros !
Aménophis
King : Sûrement !
Quelqu’un a cru en nous en investissant considérablement. Nous devons faire
mieux. Je précise que l’album vient d’être mixé en France. Tous les dix titres
qui le composent sont maintenant en Belgique pour le mastering.
Katanga Cultura : Comment se fait
la rencontre avec cette personne qui croit en vous ? Elle est né de quoi
cette confiance ?
Aménophis King : Le contact avec le producteur s’est fait à
travers Facebook. Nous avons ensuite posté quelques extraits de nos sons, il les
aimés. Nos textes lui ont plu tout particulièrement. Aussi, il a décidé de
produire l’album. Ce projet a commencé sans lui. Il nous a rejoint alors qu’on
venait de finir l’album et qu’on s’apprêtait à le dupliquer sur Kinshasa. On
n’était loin d’espérer pouvoir intéresser un producteur. Quand il a écouté et
aimé le travail de Lubumbashi, il a émit le vœu d’envoyer les données en Europe,
où, nous a-t-il dit : on peut encore faire mieux en termes de mixage,
mastering et multiplication des Cd.
Katanga
Cultura : Il y a quelques années Aménophis était un grand nom
dans la musique de Lubumbashi. Il me revient en mémoire quelques autres noms
d’artistes qui, comme vous, se taillaient une bonne célébrité. Mais aujourd’hui
vous me semblez quand même manquer de souffle face à l’actuelle génération.
Est-ce la fin de cette génération-là, la vôtre ?
Aménophis King : Non ! « The King is back ». Il y a l’album qui vient. A part cela, je travaille
sur quelques titres promotionnels pour annoncer mon album solo « Mauvaise graine ». Dire
que je m’efface, non. Mais il arrive le
King se fasse détrôner, ça arrive dans
l’art. Ça vient très vite qu’on ne s’en rend même pas compte. Il y’a un nouveau
vent, une génération qui monte, qui met du feu, qui fait bouger. C’est normal
de se faire détrôner dans l’art mais on bosse pour revenir encore et se
maintenir.
Katanga
Cultura : Quand on veut que tout fasse danser ; à une
ère où la folie des beats relègue la parole, le textuel au second plan, la
pente n’est-elle pas un peu raide pour un rappeur ?
Aménophis
King : Le rap a toujours sa
place. On ne peut pas prétendre plaire à tout le monde. Si certains aiment
danser, d’autres veulent simplement écouter. Mais sur l’album il y a une
chanson qui invite à danser. C’est la chanson phare. On l’a lancée, elle joue déjà
et fait son chemin. Le reste c’est de la musique de chambre, ça s’écoute
simplement.
Katanga
Cultura : Un mot à votre public et, à d’autres
naturellement !
Aménophis
King : A tous les publics, je
leurs dit que « The King is back ».
L’album Hommage aux bons sons a
joui de remarquables apports d’autres
artistes lushois notamment Kam’s Dj, Méga Nellya, Sacha, Mera ou ma jeune sœur.
Il y a aussi sur l’album la quatrième
partie du procès. Ce projet de procès je l’avais complètement clos. C’est à la
demande du producteur, qui a aimé les parties précédentes, que j’ai ajouté
cette partie qui parle d’évasion. J‘espère qu’Hommage aux bons sons
réussisse. Quand un album trouve un producteur ce n’est pas rien. Il y’ a
presque plus de producteur en RDC, même les grands noms à Kinshasa ne trouvent
pas preneur. Cela dénote un manque de confiance, de foi dans la musique
congolaise parce que beaucoup ont abusé. Mais si notre album a intéressé un
producteur c’est-à-dire que ce n’est moindre. C’est un truc de géant, de grand.
Attendez cet album vous ne serez pas déçus !
Propos recueillis par Fils Ngeleka
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