Le talent artistique. Voilà un ingrédient pour lequel
notre sphère culturelle ne geint nullement. Sur ce terrain-là, on ne jalouse
pas les autres, on les apprécie. Qu'il eût suffit du talent pour s'imposer à
travers le monde, on aurait été des plus imposants. Qu'il en eût fallu
essentiellement pour diriger le monde, il y a longtemps que l'histoire aurait
consigné un des nôtres comme roi du monde! Si seulement il pouvait suffire...
Herbes sauvages. Ph;http://pacifistes.free.fr |
Tant de
mains qui peignent et dépeignent, tant de voix qui chantent et rythment, tant
de têtes qui pensent, tant de génies qui créent et recréent, tant de plumes qui
coulent, tant de corps qui se meuvent et entraînent, tant d'âmes inspirées,
tant de...Chez moi le talent est omniprésent. Il paraît avec les lueurs de
l'aube, se meut à la cadence des ombres du soir et de l'obscurité de la nuit.
Dans ma
sphère culturelle, le talent foisonnant, un peu comme l'herbe sauvage, et haletant
par sa variété, son inventivité insoupçonnée et son imprévisible débrouille.
Notre sphère est un vrai guéret, une fourmilière. Elle est un souterrain, un
long et sombre tunnel que, je ne sais pour quelle raison, personne n'a vraiment
éclairé. Il y règne une foire d'empoigne. Il y faut du cran, de la ruse et de
la veine pour aller au bout et voir le jour. Ça court dans tous les sens pour
se faire une place au soleil, et c’est au terme d'un périple fait des fuites
éperdues et des quêtes inespérées qu’on y parvient. Dans ce tunnel, plusieurs
meurent de suffocation. Dans ma sphère culturelle, être artiste astreint à une
double contrainte, celle de l'invention d'œuvre et celle de la création et la
récréation permanente des moyens pour ses ambitions. Le système n'offre pas de
mécanisme d'aide au dynamisme culturel. Il faut savoir rêver et revenir sur
terre, aspirer et s'en donner les moyens.
Ma sphère
culturelle est une île. Personne n'a érigé de pont pour aider à sortir, mais le
plus extraordinaire est que quelques-uns font la traversée.
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