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lundi 16 novembre 2015

Art Moustache : « Sans l’art, moi je ne vis pas ! »

L’artiste est de plus en vue en ce moment à Lubumbashi. Et comment le caser du point de vue artistique ? Comment le présenter ? Têtu de prestige et de complexité, son portrait résiste à la brièveté et frappe d’embarras. Si, la mémoire claire ou marginale, vous ne vous reconnaissez pas avoir joui de son art ou mordu à son savoir-faire… Patience ! Il se peut que le destin vous ait listé parmi ses prochains admirateurs. Art Moustache, l’artiste se dévoile à cœur.  
  
Art Moustache. Artiste  
Katanga Cultura : Comment vous présenter à l’intention de ceux qui vous liront pour la première fois
Art Moustache : Moustache est un artiste tout court. Je fais la photographie, l’art plastique qui englobe la peinture, la sculpture, je suis aussi réalisateur,  dans ce domaine je fais des clips vidéo artistiques et je planche sur un projet de réalisation d’un film de court métrage cinématographique. Voilà un peu présenté Moustache pour ceux qui ne me connaissent pas.
Katanga Cultura : Comment votre histoire avec l’art a-t-elle commencé ?
Art Moustache : Je suis né artiste, je peux le dire. Tout petit je dessinais, je sculptais. J’étais capable de sculpter un noyau d’avocat pour donner corps à un masque. Je me servais des instruments comme ça. Ceux qui me voyaient faire me disaient « tu fais des choses bizarres ! ». Je fais beaucoup des déplacements, notamment dans la famille de ma mère. Cela m’a aidait à faire des rencontres, à côtoyer des gens différents, des comportements différents qui m’ont conforté dans mon élan de me diriger vers l’art. Sans l’art, j’aurais pu jamais montrer au monde ce qu’a été ma vie, mon passé. Voilà qui me fait dire que j’ai du sang d’artiste qui est uni en moi. Personne d’autre dans ma famille n’est artiste; mon père est businessman, mon grand père était dans l’armée, il y’en a qui étaient chasseur du côté de ma mère. Ainsi quand j’ai grandi et que devais me décider sur le choix de mes études, je me suis dis que l’Académie des beaux-arts me convenait mieux. J’étais déjà artiste avant même d’intégrer l’académie, mais celle-ci m’a appris à travailler dans les normes générales de l’art. Le mélange de ce potentiel naturel et ces études ont fait de moi l’artiste que je suis aujourd’hui avec plein de performances dans la vie.

Photo: Art Moustache 
Katanga Cultura : Par quel art avez-vous commencé ?
Art Moustache : J’ai commencé comme peintre. A l’Académie des beaux arts et dans des ateliers, j’ai eu la chance de partager avec les artiste venus des quatre coins du moins du monde.  Mais c’est l’image qui me passionne depuis toujours. Tous mes tableaux sont abstraits et l’art abstrait est codé, il fallait mettre l’image à la base. On parle de trou de mémoire pour exprimer une certaine perte de lien, de repères avec le passé. Et moi j’ai plutôt un trou de photo, je n’ai de photo de mon enfance du coup ça m’a donné envie de perpétuer les images...Chaque fois que j’étais en présence d’une image qui m’intéressait, je la captais et la gardais. De là j’ai commencé à photographier mes collègues à l’école. Peu à peu j’ai commencé à réaliser des images artistiques. Et sur ce parcours de photographe, j’ai par la suite rencontré des photographes professionnels qui m’ont formé et ont fait de moi un photographe professionnel. Beaucoup me connaissaient en tant que peintre, et quand je me suis trouvé du matériel, le monde m’a découvert aussi en tant photographe. Il y a beaucoup de choses en moi et d’autres n’arrêtent pas de naître. Il  suffit que je pense à une chose pour la réaliser.
Katanga Cultura : L’art, qu’est-il au juste dans votre vie ?
Photo : Art  Moustache 
Art Moustache : L’art est comme une fenêtre qui s’ouvre dans la vie de chacun d’entre nous. C’est une fenêtre qui a plein de lumières, plein d’histoires à raconter. Pour moi l’art c’est l’histoire de l’humanité, sans lui on ne connaîtrait pas ce qui a été avant. C’est aussi la racine, la souche qui rappelle notre existence ; la fenêtre qui s’est ouverte dans ma vie qui m’a apporté beaucoup d’opportunités, m’a fait rencontrer beaucoup de personnalités. J’ai croisé des gens différents, notamment avec la photographie. L’art c’est la porte qui s’ouvre et que l’on laisse ouverte quand on la franchie pour sortir ; elle vous dit après vous « il faut retourner d’où vous venez ». Il est aussi un miroir sur le passé.
Katanga Cultura : Il y a un discours, presqu’une plainte, que j’ai entendu chez la plupart d’artistes locaux : « l’art ne fait pas vivre son homme ! » Est-ce votre cas aussi ?
Art Moustache : Comment l’art ne fait pas vivre son homme ? Moi je suis artiste et je vis de l’art. Tous ce que je suis aujourd’hui, ce que je me paie, mon gagne-pain,…c’est l’art. Sans l’art moi je ne vis pas ! Je suis fier d’être artiste. J’aurais pas pu gagner ce que j’ai aujourd’hui alors je ne peux pas dire que l’art ne fait pas vivre son homme ! C’est même injuste de le dire. Quand beaucoup parlent ainsi, je prends l’exemple des musiciens, quelqu’un qui peut être un pharmacien quelque part et décide de s’orienter dans la musique, mais il se dit « je ne sais pas si ça va payer ! » Il faut savoir aimer ce qu’on fait dans la vie, le faire avec son cœur et croire en ça. Moi je ne travaille nulle part ailleurs. Mon travail c’est la peinture, la photographie. Je travaille à Lubumbashi depuis longtemps, on me connaît, on connaît Art Moustache, ma boîte. C’est  grâce à l’art.
Photo : Art  Moustache 
Katanga Cultura : Vous avez fait des rencontres qui vous ont beaucoup apporté, avez-vous dit, est-ce que vous prenez le temps de partager ce que vous avez appris autours de vous ?
Art Moustache : Oui partager c’est l’idéal ! Beaucoup de gens demandent à travailler avec moi et d’apprendre. Je tiens un atelier depuis plus de cinq ou six ans où je partage mon savoir avec les enfants. J’ai choisi d’apporter aux enfants ce que j’ai manqué dans mon enfance. J’avais personne de qui je pouvais apprendre. L’atelier en question s’appelle Art Moustache. J’évolue avec des enfants des congolais et des expatriés. J’aime partager avec les enfants parce que ça m’apprend beaucoup plus et ils s’adaptent facilement. Beaucoup aimeraient travailler avec moi mais il me faut du temps pour m’occuper de moi-même. Je ne suis pas encore arrivé au sommet de ma carrière ! Et j’ai beaucoup de mal à me faire comprendre et certains vont jusqu’à l’interpréter comme un refus. J’ai appris et je transmets. Le talent qu’on me reconnaît n’aurait pu jamais être aussi intéressant si je n’ai appris des autres. Il y a des gens qui m’ont appris avec leur cœur. Donc j’ai le devoir de partager !
Katanga Cultura : Quel est le prochain projet sur lequel vous prévoyez de travailler ?
Art Moustache : Le prochain projet est un grand projet sur lequel je mettrais tout mon art pour montrer au monde qui est Art Moustache. C’est une exposition qui alliera à la fois performance, photographie, peinture,…Tout ce je sais faire dans le domaine de l’art. Je prends mon temps pour y travailler parallèlement aux autres activités habituelles qui me permettent de payer mes loyers.
Art  Moustache 
Katanga Cultura : Tout en vous remerciant de la gentillesse et de la disponibilité, veuillez dire votre mot de la fin.
Art Moustache : Je vous remercie beaucoup de cette opportunité de parole. C’est très encourageant de vous voir le faire. Vous être si jeune ça n’arrive pas à tout le monde de s’occuper de ce domaine. Aimez ce que vous faites ! Je donne ce conseil aussi à tous les artistes qui sont jeunes comme moi. Je ne suis pas extraordinaire seulement j’aime ce que je fais et je me concentre, voilà pourquoi ça marche. Il faut croire et essayer de faire. N’attendez pas qu’on vienne vous aider, vous donner des financements, faites avec ce que vous avez. L’Afrique a tout ! On peut tout faire ici. Lubumbashi est une petite ville où on a des histoires à raconter ; n’attendez pas du budget, des moyens. Utilisez votre tête et ça va marcher. Je te remercie encore Fils Ngeleka. Je m’attendais pas que quelqu’un viendrait m’interviewer. Ton blog je l’ai toujours à l’œil et ça me fait plaisir parce que c’est quelque chose de grand quoi !

Propos recueillis par Fils Ngeleka

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