Sur Katanga Cultura!

vendredi 10 juillet 2015

Quand une carrière inspire un film. Au gré de ma passion un film de Ray Ntambwe sur M. Joe Zuka.


Au gré de ma passion. Le film a comme personnage principal l'artiste musicien M.Joe Zuka. Primé parmi les meilleurs documentaires de la cinquième édition du festival Cinétoiles, Au gré de ma passion est la première réalisation d'un impressionnant projet cinématographique sur la musique katangaise. Ray Ntambwe, son réalisateur est féru de raconter les histoires et d'écriture. 

Affiche du film
Katanga Cultura : Comment ce projet est-il né ?  
Ray Ntambwe : Tout est parti d’une rencontre. Un jour M. Joe débarque dans ma station de radio où je travaille pour la promotion de l’album de Berdis Angel. J’ai été émue à l’écoute de cet album. C’était une musique bien, une musique de recherche. J’ai pu le voir se produire plusieurs encore fois et j’ai découvert chez lui un esprit de recherche, une certaine qualité par rapport à plusieurs artistes. J’ai commencé à le suivre ainsi j’ai pu me constituer des archive. J’ai choisi le projet de l’album avec la motivation était de savoir : Est-ce que cet album va aboutir ou pas ? Et quand il va aboutir à quoi va-t-il ressembler ? C’est come ça que le projet est parti, c’était  en 2009 quand l’artiste venait d’arriver à Lubumbashi. Nous en étions aux simples contacts au début, des contacts de types chroniqueur-musicien. Je produisais une émission de chronique musicale et je l’y invitais pour le présentateur. Ainsi nous avons gardé contact et sommes devenus potes.
Katanga Cultura : Cette question aurait pu venir à la fin. Le projet commence en 2009. Un vieux projet. Pourquoi choisissez-vous de le finir maintenant ?
Ray Ntambwe : Le projet est en cours. Il n’est pas encore fini. Le grand projet est de parler de la musique au Katanga dans toutes ses variations possibles. Je n’ai pas des archives que sur M. Joe…
Katanga Cultura : Celui sur M. Joe se clôture quand même maintenant ?
Ray Ntambwe : Effectivement, mais il n’en constitue qu’une partie qui me permettra de voir à quoi tout va ressembler. Le grand projet c’est la musique Katangaise depuis le BRAKA, à l’époque de l’avant indépendance jusqu’à nos jours. Il parle des différentes mutations de cette musique et aussi de ses différentes consommations. M. Joe est juste en est juste une partie et la partie M. Joe est finie. M. Joe parce que c’est le présent. Avant que je n’aille dans le passé pour peut être prévenir l’avenir, j’ai préféré d’abord le présent. Il n’ya pas que M. Joe  mais aussi Kanierra, Oxygène et tant d’autres. Beaucoup de musiciens ont œuvré pour la renommée de la musique katangaise. Ce grand projet demande beaucoup en termes de financement et de recherche. Voilà pourquoi j’ai préféré lancé cette partie du projet pour  qu’à travers le jugement que le public en donnera, j’améliorer le grand projet.
Katanga Cultura : Quand on commence un projet comme celui-ci, on a l’envie de l’amener jusqu’a bout parce qu’on croit dedans. Avez-vous rencontré, le temps où vous travaillez à sa réalisation des raisons qui vos ont fait douter de sa fin ?
Ray Ntambwe : Oui. J’ai rencontré de grands doutes, entre autres lors de l’enregistrement de l’album Rien que l’amour. Il s’est posé un problème sérieux problème de disponibilité entre l’artiste et l’ingénieur principal. Ce défaut de permanence nous a fait rater des jours de tournage. L’artiste lui-même n’y a plus crut à un moment.
Katanga Cultura : Est-ce que quelqu’un pourra se dire, après avoir suivi ce film, qu’il est rentré dans l’intimité de l’artiste. Avez-vos pu promener n peu partout votre caméra pour dévoiler l’artiste dans ce côté que le grand public n’a pas la chance de voir ?
Ray Ntambwe : Oui. C’est vrai que le public ne sera pas totalement satisfait parce que le concept nous a limité un tout petit peu. Mais ils pourront voir cette intimité, ce temps de travail que l’artiste a consacré à cet album. Ils y verront les difficultés qu’il a rencontrées mais aussi les moments rigolos entres autres quand il partage un sandwich avec un de ses amis dans le studio. Autant des moments fort où on découvre cette familiarité avec l’artiste, ces choses qu’on ne l’imagine jamais faire mais que lui aussi fait quand même.
Katanga Cultura : Vous connaissez un artiste, vous vous familiarisez avec lui. Tout une histoire, toute une amitié se crée entre vous, toutes ces années. Comment resté aussi proche de quelqu’un, tout ce temps, et resté objectif en même temps ?
Rey Ntambwe, le réalisateur ici à droite du rappeur Youssoupha
Ray Ntambwe : C’est vrai que c’est difficile, il y’ a l’amitié qui s’en mêle évidemment. Même quand je travaillais avec le monteur principal et quand je faisais des dérushages, je me disais : ce que ce type a dit est plus fort, dois-je le passer ou pas ? Je censure en tant qu’ami maintenant.  Je m’imaginais pas d’autres personnes pouvaient penser de la sorte sur l’artiste. J’avais l’obligation de rester objectif. Il y a certes des choses que j‘ai écartées pour ne pas donner une mauvaise réputation de moi et de l’artiste. Mais c’était difficile à affronter, cette réalité.
Katanga Cultura : Vos faites parler des chroniqueurs des émissions de musique dans le film, c’est-à-dire des personnes qui connaissent  l’artiste sous  un certain jour. On aurait pu étendre le cercle ! C’est vrai que M.Joe est souvent en contact avec ces chroniqueurs mais il y a aussi des gens avec qui il vit, qui le connaissent dans un certain domaine, qui peuvent perler de lui d’une certaine manière et le révéler autrement. Pourquoi avoir « restreint » le choix aux chroniqueurs de musique ?
Ray Ntambwe : Il n’y a pas que les chroniqueurs qui interviennent dans le film, il y a quelques femmes. Je n'ai pas pu rencontrer sa famille faute de logistique et de situation. La distance ne m’a pas permis de les contacter directement. Les chroniqueurs parce que j’ai voulu limiter le concept dans son travail. Je voulais localiser le film dans l’exercice de son métier. Voilà pourquoi vous voyez un peu plus les chroniqueurs parce qu’ils sont les arbitres, ils parlent des artistes et le sanctionnent par rapport à leur métier. Il y a aussi quelques fans...
Katanga Cultura : Quand on s’appelle M.Joe cela veut dire qu’on a une certaine image et on travaille à sa préservation. Est-ce que l’artiste n’est pas intervenu dans ce qu’il voulait laisser montrer. Vous a-t-il permis de tout raconter sur lui. Comment avez-vous affronté ce procès entre l'envie de préserver son image de marque et l'autre envie de montrer l'artiste en toute objectivité ?
Ray Ntambwe : C’était difficile. Des fois il me disait : Non, ne met pas ça ! Fais-ceci. Mais je me suis dis : c’est moi qui écris l’histoire, je l’écris de ma manière. C’est vrai que j’étais de fois obligé de sanctionner certaines choses qui n’étaient pas trop bien par rapport à lui. L’histoire a été racontée à ma manière. Il pourra reprocher certains choix au film mais cela lui permettra, je l’espère, de pouvoir changer et améliorer son travail.
Katanga Cultura : Si l’artiste venait un jour à redire sur le film, sur le discours qu’il tient cela vous frustrerait ?
Ray Ntambwe : Jamais…Jamais. Parce que c’est une histoire racontée on ne peut plus y revenir.
Katanga Cultura : Au grès de ma passion, le titre résume-t-il le film ?
Ray Ntambwe : Oui ce n’est pas seulement la passion de l’artiste mais aussi celle du réalisateur. J’aime bien écrire, découvrir, prendre des risques. Je peux ne pas bien connaître le milieu mais je me dis : tentons la chance ! C’est la passion qui conduit l’homme à ce genre de deal. Le film raconte au-delà de la passion de l’artiste mais aussi celle du réalisateur.
Le film est une quasi-autoproduction, je été aidé par le studio partenaire mais il reste à 80% une autoproduction.
Katanga Cultura : Qu’est-ce que tout cela vous rapporte de concret au-delà du fait que vous avez la chance de satisfaire votre passion de raconter e d’écrire l’histoire ?
Ray Ntambwe : Cela me rapporte l’honneur parce que je sors la tête haute. Je peux dire enfin : il y a un film que j’ai écris qui a participé à un festival et qui a été sanctionné par un grand public et par des professionnels. Je peux dire que maintenant je suis compté parmi les réalisateurs et je peux me lancer dans de grandes vagues maintenant. C’est l’honneur, l’honneur d’abord. J’aimerai que le public comprenne où la passion peut amener. Le film montre des difficultés, des reproches mais quand on est objectif dans ce que l’on fait on arrive toujours au bout de son chemin. Il ne faut pas baisser les bras ! 


Découvrez la bande-annonce en cliquant sur la cette vidéo
 
Propos recueillis par Fils Ngeleka

1 commentaire:

  1. Intéressant l'article. Là je vois une génération consciente qui se façonne à la vitesse d'éclaire...

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