Au gré de ma passion. Le film a comme personnage principal l'artiste musicien M.Joe Zuka. Primé parmi les meilleurs documentaires de la cinquième édition du festival Cinétoiles, Au gré de ma passion est la première réalisation d'un impressionnant projet cinématographique sur la musique katangaise. Ray Ntambwe, son réalisateur est féru de raconter les histoires et d'écriture.
Ray Ntambwe : Tout est parti d’une rencontre. Un jour M.
Joe débarque dans ma station de radio où je travaille pour la promotion de
l’album de Berdis Angel. J’ai été émue à l’écoute de cet album. C’était une
musique bien, une musique de recherche. J’ai pu le voir se produire plusieurs
encore fois et j’ai découvert chez lui un esprit de recherche, une certaine
qualité par rapport à plusieurs artistes. J’ai commencé à le suivre ainsi j’ai
pu me constituer des archive. J’ai choisi le projet de l’album avec la
motivation était de savoir : Est-ce que cet album va aboutir ou pas ?
Et quand il va aboutir à quoi va-t-il ressembler ? C’est come ça que le
projet est parti, c’était en 2009 quand
l’artiste venait d’arriver à Lubumbashi. Nous en étions aux simples contacts au
début, des contacts de types chroniqueur-musicien. Je produisais une émission de
chronique musicale et je l’y invitais pour le présentateur. Ainsi nous avons
gardé contact et sommes devenus potes.
Katanga Cultura : Cette question aurait pu venir à la fin. Le projet commence en 2009. Un
vieux projet. Pourquoi choisissez-vous de le finir maintenant ?
Ray Ntambwe : Le projet est en cours. Il n’est pas
encore fini. Le grand projet est de parler de la musique au Katanga dans toutes
ses variations possibles. Je n’ai pas des archives que sur M. Joe…
Katanga Cultura : Celui sur M. Joe se clôture quand même maintenant ?
Ray Ntambwe : Effectivement, mais
il n’en constitue qu’une partie qui me permettra de voir à quoi tout va
ressembler. Le grand projet c’est la musique Katangaise depuis le BRAKA, à
l’époque de l’avant indépendance jusqu’à nos jours. Il parle des différentes
mutations de cette musique et aussi de ses différentes consommations. M. Joe
est juste en est juste une partie et la partie M. Joe est finie. M. Joe parce
que c’est le présent. Avant que je n’aille dans le passé pour peut être
prévenir l’avenir, j’ai préféré d’abord le présent. Il n’ya pas que M. Joe mais aussi Kanierra, Oxygène et tant
d’autres. Beaucoup de musiciens ont œuvré pour la renommée de la musique
katangaise. Ce grand projet demande beaucoup en termes de financement et de
recherche. Voilà pourquoi j’ai préféré lancé cette partie du projet pour qu’à travers le jugement que le public en
donnera, j’améliorer le grand projet.
Katanga Cultura : Quand on commence un projet comme celui-ci, on a l’envie de l’amener
jusqu’a bout parce qu’on croit dedans. Avez-vous rencontré, le temps où vous
travaillez à sa réalisation des raisons qui vos ont fait douter de sa
fin ?
Ray Ntambwe : Oui. J’ai rencontré de grands doutes,
entre autres lors de l’enregistrement de l’album Rien que l’amour. Il s’est posé un problème sérieux problème de
disponibilité entre l’artiste et l’ingénieur principal. Ce défaut de permanence
nous a fait rater des jours de tournage. L’artiste lui-même n’y a plus crut à
un moment.
Katanga Cultura : Est-ce que quelqu’un pourra se dire, après avoir suivi ce film, qu’il
est rentré dans l’intimité de l’artiste. Avez-vos pu promener n peu partout
votre caméra pour dévoiler l’artiste dans ce côté que le grand public n’a pas
la chance de voir ?
Ray Ntambwe : Oui. C’est vrai que le public ne sera pas
totalement satisfait parce que le concept nous a limité un tout petit peu. Mais
ils pourront voir cette intimité, ce temps de travail que l’artiste a consacré
à cet album. Ils y verront les difficultés qu’il a rencontrées mais aussi les
moments rigolos entres autres quand il partage un sandwich avec un de ses amis
dans le studio. Autant des moments fort où on découvre cette familiarité avec
l’artiste, ces choses qu’on ne l’imagine jamais faire mais que lui aussi fait
quand même.
Katanga Cultura : Vous connaissez un artiste, vous vous familiarisez avec lui. Tout une
histoire, toute une amitié se crée entre vous, toutes ces années. Comment resté
aussi proche de quelqu’un, tout ce temps, et resté objectif en même temps ?
Rey Ntambwe, le réalisateur ici à droite du rappeur Youssoupha |
Katanga
Cultura : Vos faites parler des chroniqueurs des émissions de musique
dans le film, c’est-à-dire des personnes qui connaissent l’artiste sous un certain jour. On aurait pu étendre le
cercle ! C’est vrai que M.Joe est souvent en contact avec ces chroniqueurs
mais il y a aussi des gens avec qui il vit, qui le connaissent dans un certain
domaine, qui peuvent perler de lui d’une certaine manière et le révéler
autrement. Pourquoi avoir « restreint » le choix aux chroniqueurs de
musique ?
Ray
Ntambwe : Il n’y a pas que les chroniqueurs qui interviennent dans le
film, il y a quelques femmes. Je n'ai pas pu rencontrer sa famille faute de
logistique et de situation. La distance ne m’a pas permis de les contacter
directement. Les chroniqueurs parce que j’ai voulu limiter le concept dans son
travail. Je voulais localiser le film dans l’exercice de son métier. Voilà
pourquoi vous voyez un peu plus les chroniqueurs parce qu’ils sont les arbitres,
ils parlent des artistes et le sanctionnent par rapport à leur métier. Il y a
aussi quelques fans...
Katanga
Cultura : Quand on s’appelle M.Joe cela veut dire qu’on a une certaine
image et on travaille à sa préservation. Est-ce que l’artiste n’est pas intervenu
dans ce qu’il voulait laisser montrer. Vous a-t-il permis de tout raconter sur
lui. Comment avez-vous affronté ce procès entre l'envie de préserver son image
de marque et l'autre envie de montrer l'artiste en toute objectivité ?
Ray
Ntambwe : C’était difficile. Des fois il me disait : Non, ne met
pas ça ! Fais-ceci. Mais je me suis dis : c’est moi qui écris
l’histoire, je l’écris de ma manière. C’est vrai que j’étais de fois obligé de
sanctionner certaines choses qui n’étaient pas trop bien par rapport à lui.
L’histoire a été racontée à ma manière. Il pourra reprocher certains choix au
film mais cela lui permettra, je l’espère, de pouvoir changer et améliorer son
travail.
Katanga
Cultura : Si l’artiste venait un jour à redire sur le film, sur le
discours qu’il tient cela vous frustrerait ?
Ray
Ntambwe : Jamais…Jamais. Parce que c’est une histoire racontée on ne
peut plus y revenir.
Katanga
Cultura : Au grès de ma passion, le titre résume-t-il le film ?
Ray
Ntambwe : Oui ce n’est pas seulement la passion de l’artiste mais
aussi celle du réalisateur. J’aime bien écrire, découvrir, prendre des risques.
Je peux ne pas bien connaître le milieu mais je me dis : tentons la
chance ! C’est la passion qui conduit l’homme à ce genre de deal. Le film
raconte au-delà de la passion de l’artiste mais aussi celle du réalisateur.
Le film est une quasi-autoproduction, je été aidé par le
studio partenaire mais il reste à 80% une autoproduction.
Ray
Ntambwe : Cela me rapporte l’honneur parce que je sors la tête haute.
Je peux dire enfin : il y a un film que j’ai écris qui a participé à un
festival et qui a été sanctionné par un grand public et par des professionnels.
Je peux dire que maintenant je suis compté parmi les réalisateurs et je peux me
lancer dans de grandes vagues maintenant. C’est l’honneur, l’honneur d’abord. J’aimerai
que le public comprenne où la passion peut amener. Le film montre des
difficultés, des reproches mais quand on est objectif dans ce que l’on fait on
arrive toujours au bout de son chemin. Il ne faut pas baisser les bras !
Découvrez la bande-annonce en cliquant sur la cette
vidéo
Propos recueillis par Fils
Ngeleka
Intéressant l'article. Là je vois une génération consciente qui se façonne à la vitesse d'éclaire...
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